A shared wetland, disputed territory: the stakes of the heritage of the Tana delta in Kenya
Une zone humide partagée, un territoire disputé : les enjeux de la mise en patrimoine du delta du Tana au Kenya
Résumé
The flood peaks of the Tana River in Kenya that, twice a year, inundate its delta are a key element in the local economy. A flood scenario that optimizes the provisioning ecosystem services delivery was defined on the basis of a water balance model, an estimate of flooded surface area, a description of the flood-dependent ecosystem services and an analysis of the practices and strategies of the local users. For livestock-keeping, agriculture and fisheries, an ideal year would comprise two rainy seasons and two flooding seasons of which at least one would exceed a discharge 170 m3/s at Garsen, thus flooding some 200 km². In contrast, a small flood peak with a discharge of less than 140 m3/s, would exert constraints on the local users and be a source of tension between the Orma livestock keepers and the Pokomo farmers. The delta has already been impacted by the construction, in the 1980s, of five upstream dams and a proposed hydropower dam at High Grand Falls will negatively affect the delta, except if managed flood releases are scheduled and implemented. Unfortunately, the multitude of management plans that are currently being designed for the delta, listed as a Ramsar site since 2012, are not the result of a wide-ranging concerted effort and emphasise local development action without taking the need for managed flood releases into account. In addition, the area, that was the theatre of murderous conflict in 2012, is under strong pressure for its conversion to large-scale irrigation for biofuel production. There is also competition between NGOs and government departments for the establishment and implementation of the management plans.
Les crues du fleuve Tana au Kenya, qui inondent deux fois par an le delta sont des éléments clés pour les économies locales. Un calcul de bilan hydrologique, une estimation des superficies inondées, une description des services écosystémiques rendus par les inondations et une analyse des pratiques et stratégies des acteurs locaux ont permis de définir un scenario optimisant les services d’approvisionnement. Une année optimale pour les activités d’élevage, d’agriculture et de pêche comporterait deux saisons des pluies et deux saisons de crues dont l’une au moins atteindrait des débits de 170 m3/s à Garsen pour inonder une superficie d’environ 200 km², tandis qu’un faible épisode de crue, à des débits inférieurs à 140 m3/s est un scénario problématique pour les acteurs locaux et source de tension entre éleveurs Orma et agriculteurs Pokomo. En l’absence de crues artificielles programmées, le projet d’un barrage hydroélectrique à High Grand Falls est susceptible d’avoir des conséquences négatives pour le delta, déjà affecté depuis les années 1980 par la construction de 5 barrages en amont. Or les différents plans de gestion en cours de définition pour le delta, devenu site Ramsar depuis 2012, ne sont pas le résultat d’une large concertation et se concentrent sur des actions locales de développement, sans tenir compte de la nécessité de mettre en place des crues artificielles. La gestion de ce territoire, théâtre de conflits meurtriers en 2012, est, de plus, confrontée à une pression forte pour la conversion de la zone en périmètre irrigué pour la production de bio-carburants et à une compétition entre ONGs et entre services de l’Etat pour la définition et la mise en oeuvre de ces plans de gestion.