Le recrutement des boursiers des collèges royaux sous la monarchie de Juillet
Résumé
This paper examines the issue of the selection of royal scholarship holders under the July Monarchy. It makes use of all the royal decrees taken in their favour between 1834 and 1841, and secondarily of some sources concerning Rennes’ grammar school, the latter being chosen as a test. It concerns 3 100 pupils altogether. The analysis shows that the first condition to be granted with a royal scholarship depended largely on the amount of services provided by the applicant’s family. This explains why the majority of scholarship holders were the children of civil servants and suggests that the allocation of scholarships was an administrative device, among others, used by the State of the time to ensure the faithfulness of its servants. Selection criteria such as the lack of financial means and the academic skills of the child played a minor role. On a smaller scale the analysis shows that grammar schools were unevenly provided with scholarships. The reason is that the ministry also used these scholarships to support less prosperous schools and this contributed to make them unevenly open, depending on the area where the family lived. Eventually from school to school one can notice a diversity as to the socio-professional background of the scholarship holders. This important finding invites us to forget the uniform picture we usually associate to this category of pupils.
Cet article examine la question du recrutement des boursiers royaux sous la monarchie de Juillet. Il exploite l’ensemble des ordonnances de nomination prises en leur faveur entre 1834 et 1841, et secondairement quelques sources concernant le collège de Rennes, choisi à titre de test. Il intéresse en tout 3 100 élèves. L’analyse révèle que le premier des titres à l’obtention d’une bourse royale est constitué par les services que la famille du candidat a rendus à l’État, ce qui explique que les boursiers sont majoritairement des enfants de fonctionnaires et ce qui invite à interpréter la distribution des bourses comme l’un des dispositifs administratifs dont se sert l’État du temps pour s’assurer la fidélité de ses serviteurs. Les critères du défaut de fortune de la famille et de la compétence scolaire de l’enfant jouent aussi mais de manière très secondaire. À une échelle plus fine, l’analyse montre que les collèges sont inégalement dotés en bourses. Cela tient au fait que le ministère se sert aussi des bourses pour soutenir les établissements les moins prospères et cela contribue à les rendre inégalement accessibles selon les territoires. Enfin, d’un collège à l’autre s’observe une certaine diversité quant à l’origine socioprofessionnelle des boursiers : constat important, qui invite à se départir de l’image faussement unifiante attachée traditionnellement à cette catégorie d’élèves.