Identifier les résidus vitivinicoles carbonisés : référentiels expérimentaux et application au site romain du Petit Clos I (Perpignan, Pyrénées-Orientales)
Résumé
Avec le blé nu (Triticum aestivum/durum) et l’orge vêtue (Hordeum vulgare), la vigne (Vitis vinifera) est une des principales espèces cultivées en Gaule méditerranéenne dès la fin de l’âge du Fer. Plusieurs sites roussillonnais ont livré des assemblages carbonisés de raisin, composés principalement de pépins, de pédicelles et d’éléments de rafle, parfois accompagnés de baies entières dont l’aspect ridé rappelle celui du raisin sec actuel. La composition de ces dépôts et l’état morphologique de ces restes posent la question de la nature de ces résidus, du procédé de transformation qui les a générés et de leur utilisation finale : séchage de fruits entiers, foulage ou pressurage de fruits frais, sous-produits brûlés comme combustible. Les différences observées entre les données expérimentales et ethnographiques publiées par Margaritis et Jones, les travaux expérimentaux obtenus par Bouby et l’état des assemblages carpologiques que nous avons étudiés ont nécessité de recourir à de nouvelles expérimentations. Ce travail a consisté à échantillonner un référentiel à l’occasion de la fête des Vinalia (Musée archéologique, Saint-Romain-en-Gal, Rhône) au cours de laquelle est reconstituée une pratique de foulage de raisin supposée proche des pratiques romaines. Les produits et sous-produits du référentiel, prélevés à diverses étapes de la chaîne opératoire, puis carbonisés dans un four à moufle ont été comparés à ceux décrits pour les opérations de foulage et de pressurage dans l’article de référence et aux assemblages archéobotaniques carbonisés du Petit Clos I, en plaine du Roussillon. Cet article expose le protocole expérimental mis en place puis les différentes interprétations pour identifier la nature de ces résidus vitivinicoles.