Orchestrer la présence des musiciens dans le métro parisien : les redéfinitions de l’indésirabilité - HAL Accéder directement au contenu
Article dans une revue Géographie et cultures Année : 2016

Staging musicians in Paris’ subway: redefining undesirability

Orchestrer la présence des musiciens dans le métro parisien : les redéfinitions de l’indésirabilité

Muriel Froment-Meurice
Antoine Fleury

Résumé

Undesirability is a social and cultural construction that reveals asymmetrical power relations. The definition of individuals or groups as « undesirable » may change in time and in space, depending on the contexts of utterance and on the groups of specific definers. This paper analyzes how public space managers construct and redefine undesirability leaning on the case of the subway musicians in Paris. Relying on a field survey, consisting in interviews with RATP agents and subway musicians with an additional corpus of RATP documents, we analyze retrospectively in the medium term the managing policy of the Paris transport authority (RATP). We show how the RATP no longer regards its mission as a transport service provider but also as a public space manager. Thus it has gradually taken some of the subway musicians out of undesirability. Three stages can be identified. In the first one, musicians were defined as « undesirables » that should be evicted in the context of a reconquest policy. In the second stage, a licensing policy was created to do with actual musical practice in the subway and try to regulate it. In the third stage licensed musicians are no longer considered as « undesirables » unlike other groups (unlicensed musicians, homeless, beggars, informal vendors, etc.); they are even integrated in a more global commercial policy aiming at the valorization of the subway space as well as the company’s image.
L’indésirabilité est avant tout une construction sociale et culturelle qui traduit des rapports de pouvoir asymétriques. La définition des individus ou des groupes « indésirables » évolue donc dans le temps et dans l’espace, en lien avec des contextes d’énonciation et des groupes de définisseurs particuliers. Cet article s’intéresse à la manière dont les gestionnaires de l’espace public construisent et redéfinissent l’indésirabilité en prenant pour cas d’étude les musiciens du métro parisien. En s’appuyant sur une enquête par entretiens menée auprès d’agents de la RATP et de musiciens, complétée par la constitution d’un corpus de documents produits par la RATP, il propose une analyse rétrospective à moyen terme de la politique de gestion des musiciens mise en œuvre par l’entreprise publique. Il montre comment celle-ci, se considérant non plus seulement comme un transporteur mais aussi comme un gestionnaire d’espaces publics, a progressivement et partiellement fait sortir certains musiciens de l’indésirabilité. Trois étapes peuvent être distinguées. Dans un premier temps, les musiciens ont été définis comme un groupe « indésirable » qu’il convient de faire disparaître dans le cadre d’une politique de « reconquête ». Dans un deuxième temps, un système d’accréditation a été mis en place pour faire avec la pratique musicale et tenter de la réguler. Dans un troisième temps, les musiciens accrédités ne sont plus considérés comme indésirables, contrairement à d’autres groupes, certains d’entre eux se trouvent inscrits dans une stratégie commerciale visant à valoriser aussi bien l’espace du métro que l’image de l’entreprise.

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Géographie
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Dates et versions

halshs-01681873, version 1 (11-01-2018)

Identifiants

  • HAL Id : halshs-01681873 , version 1

Citer

Muriel Froment-Meurice, Antoine Fleury. Orchestrer la présence des musiciens dans le métro parisien : les redéfinitions de l’indésirabilité. Géographie et cultures, 2016, 97-98, pp.113-134. ⟨halshs-01681873⟩
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Dernière date de mise à jour le 20/04/2024
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