, Bien au contraire, il me semble que le renforcement « final » de sa démarche généalogique se traduit, dans ses propres termes, par un intérêt majeur sur les « modes d'existences virtuels pour des sujets possibles », en lien des « formes d'un savoir possible » et des « matrices de comportement pour les individus » (2012, 5) 41 . Il s'agit là de circonscrire des expériences à l'intérieur de notre culture, donc de soi, et Foucault qualifie désormais ses premiers travaux sur la folie en ce sens. A ce titre, ce n'est pas un hasard si, après formulé les choses de telle façon, il commence son cours sur Le gouvernement de soi et des autres par un excursus, sa lecture du texte de Kant écrivant sur les Lumières. Classiquement, il y trouve la notion de public, qui se retrouvera ensuite dans les textes de l'école de Francfort (Habermas) sur l'espace public 42 . De façon plus personnelle, il y situe la formulation de « la nécessité d'une liberté absolue, non seulement de conscience, mais d'expression » (2012, 11). Bien sûr, il y marque aussi la question du présent, déjà évoquée. Mais il approfondit le questionnement en se demandant, 2012.
, Cette actualité peut s'inventer, se transformer dans un événement ayant valeur de signe, en l'occurrence la Révolution. Mais signe de quoi se demandent Kant et Foucault ? Déjà, avec Nietzsche on peut dire que là où l'on fait parler les signes, il faut bien que l'homme se taise, nous l'avons vu. D'une formule un peu rapide, on peut en conclure que la Révolution condamne l'homme au silence. Mais ce n'est pas en soi un processus négatif, puisque ce mouvement des signes en révolution permet à l'homme de renouer avec une expérience perdue dans l'écart imperceptible du même
, événement nécessairement pris dans la médiation du langage, à distance donc de la généricité de l'homme ? Le sujet parlant peut, dans ce processus historique de transformation historique de soi et des autres, maintenir ce qui s'est passé dans la dispersion qui lui est propre. Il s'agit bien là d'une forme d'exil intérieur qui n'est pas incompatible avec une présence hors de soi
, Le gouvernement de soi et des autres, cours, 1982.
, Jacques Guilhaumou discutono, Contemporanea. Rivista di storia dell'800 et dell'900, Voir notre participation au débat Storia e critica dell' opinion pubblica, di Jürgen Habermas avec Geoff Eley, pp.365-369, 2005.
, Je considère également que le lien à Nietzsche et le retour à Kant constituent également des données essentielles dans la manière dont Foucault conçoit la fondation de l'homme européen. L'un se loge dans l'autre, ainsi que le dit Foucault 49 , pour mieux nous faire comprendre le problème husserlien de l'homme européen, c'est-à-dire la corrélation, par la médiation du savoir, entre l'histoire de la vérité et l'histoire du sujet. C'est dire que la phénoménologie de l'homme européen n'est en rien une sémiologie doublée d'une théorie, très prisée dans « le moment structuraliste », même si elle repose sur un passage aux signes. Elle renvoie spécifiquement à un langage
, Voir les travaux de Guillaume Sibertin-Blanc sur Deleuze, en particulier , Deleuze et l'Anti-OEdipe, p.151, 2010.
, , p.121