Le coût écologique d’internet est trop lourd, il faut penser un internet low-tech - HAL-SHS - Sciences de l'Homme et de la Société Accéder directement au contenu
Autre Publication Scientifique Année : 2017

Le coût écologique d’internet est trop lourd, il faut penser un internet low-tech

Gaël Trouvé
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Résumé

Le coût écologique d'internet est trop lourd, il faut penser un internet low-tech Félix Tréguer et Gaël Trouvé. 27 mai 2017. Tribune publiée sur Reporterre L'an dernier, un contributeur de la revue anglo-saxonne Phrack, publication phare de la mouvance hacker, appelait de ses voeux la constitution d'un front « hacker-luddite » pour lutter contre deux fléaux qui entravent selon lui la contribution de l'informatique à l'émancipation : les systèmes informatiques fermés, conçus par leurs designers pour empêcher toute appropriation singulière et créative par leurs utilisateurs ; ceux fondés sur des logiques propagandistes et manipulatoires qui, notamment à travers la publicité, détournent l'attention humaine à des fins de contrôle social et de profits [1]. Dans ce texte, la référence au luddisme — ce mouvement d'ouvriers et d'artisans qui, au XIX e siècle, brisaient les machines pour dénoncer l'industrialisation — apparaît usurpée, tant la critique de la technique qui s'y exprime semble sommaire. En cela, ce texte est symptomatique des limites du discours technocritique qui domine les milieux hackers, et plus largement celui de l'activisme numérique. En dépit des apports d'un mouvement comme celui du logiciel libre à la réflexion sur les biens communs et malgré les croisements anciens entre le mouvement hacker et certaines luttes écologistes, le combat pour une informatique émancipatrice échoue le plus souvent à expliciter le constat qui est aussi l'une de ses principales contradictions : les effroyables coûts écologiques et humains du numérique. Une main-d'oeuvre soumise à des conditions de travail proches de l'esclavage Internet représente plus de 7 % de la consommation électrique mondiale, en croissance de 12 % par an [2]. Une simple recherche Google occasionne la même dépense énergétique que celle nécessaire à l'ébullition d'un litre d'eau. En France, l'infrastructure numérique consomme annuellement la production de 9 réacteurs nucléaires, soit 13 % de l'électricité nationale [3]. Dans le même temps, la sophistication croissante des machines rend nécessaire l'utilisation de métaux aux propriétés de plus en plus spécifiques, et donc de plus en plus rares [4]. Aux désastres environnementaux liés à l'extraction minière s'ajoute l'impossibilité de recycler ces métaux, utilisés le plus souvent de manière intriquée, à des échelles nanométriques [5]. De fait, moins de 25 % de la masse d'un smartphone ou d'un ordinateur ultra-plat sont recyclables, et environ 5 % sont effectivement recyclés lorsque l'objet est orienté dans la bonne filière [6] — ce qui est rarement le cas puisque entre 30 et 60 % de nos déchets électroniques sont exportés illégalement à l'étranger, principalement au Ghana, en Chine, en Inde et au Niger [7]. Enfin, lorsque l'on porte son regard sur les modes d'assemblage ou de recyclage de l'informatique, il devient évident que les « libertés
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Dates et versions

halshs-01649976 , version 1 (30-11-2017)

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  • HAL Id : halshs-01649976 , version 1

Citer

Félix Tréguer, Gaël Trouvé. Le coût écologique d’internet est trop lourd, il faut penser un internet low-tech. 2017. ⟨halshs-01649976⟩
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