La noblesse castillane et la musique au XVIe siècle : enquête sur les méthodes et modèles d’apprentissage - HAL-SHS - Sciences de l'Homme et de la Société Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Seizième siècle Année : 2016

Nobility and the learning of music in Renaissance Castile: methods and models

La noblesse castillane et la musique au XVIe siècle : enquête sur les méthodes et modèles d’apprentissage

Résumé

L'étude des rapports que la noblesse castillane entretint avec les arts en général et avec la musique en particulier a souvent été négligée au profit d'une approche éminemment historique, voire politique, de son rôle complexe dans l'échiquier européen. Or, en dépit de sa soumission définitive au pouvoir royal, la noblesse hispanique développe considérablement son mécénat au cours du XVI e siècle en raison de sa toute puissance dans ses propres domaines, même si son rôle reste plutôt malhabile face à l'aristocratie urbaine qui tend à accaparer des postes administratifs influents et se voit parfois anoblie. La noblesse castillane, comme celle d'autres pays d'Europe, tend à résoudre la difficile équation de la démonstration de son pouvoir en cultivant les arts malgré l'instabilité financière dont elle est victime au cours du siècle. Tout noble possède donc sa propre cour qui imite voire tente de concurrencer celle du roi. Dans le cadre strictement musical, les nobles les plus aisés financent à la fois un petit ensemble de musiciens dans leurs maisons (chapelle, chambre, voire écurie dans certains cas) et des fondations privées avec participation musicale au sein des structures ecclésiastiques (cathédrales, collégiales, monastères). Ces dernières fonctionnent de manière indépendante lorsque leurs patrons s'absentent pour de longs déplacements : en effet, la noblesse castillane se voit souvent confier la tâche, parfois ingrate, d'imposer l'autorité royale dans les territoires extra-péninsulaires ou d'accompagner le roi lors de ses multiples voyages en Europe, surtout sous Charles Quint. Les musiciens au service des nobles sont recrutés de manière locale (de nombreux musiciens de talent ont travaillé pour des nobles au début de leur carrière), ce qui favorise à la fois un développement musical « de proximité », une certaine indépendance créative des artistes et enfin la continuité d'un modèle stylistique et liturgique spécifique peu soumis aux influences extérieures –permettant ainsi la pérennité des liturgies locales par exemple. Entretenir un tel système nécessite cependant une démarche raisonnée visant à le nourrir et à l'alimenter de manière endogène : les maîtres de musique ou maîtres de chapelle au service d'un noble écrivent et interprètent des oeuvres musicales, mais ils apprennent également la musique aux nobles eux-mêmes et à leur entourage, notamment leur progéniture. L'apprentissage musical constitue, à notre sens, un aspect essentiel dans le développement de ce modèle de création artistique, d'autant que les nobles sont censés reproduire l'idéal des armes et des lettres au XVI e siècle à travers une création personnelle articulée autour du principe de l'ut musica poesis.
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Dates et versions

halshs-01632505 , version 1 (13-11-2017)

Identifiants

  • HAL Id : halshs-01632505 , version 1

Citer

Cristina Diego Pacheco. La noblesse castillane et la musique au XVIe siècle : enquête sur les méthodes et modèles d’apprentissage. Seizième siècle, 2016. ⟨halshs-01632505⟩
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