Les pronoms enclitiques dans les langues ouest-iraniennes. Fonctions et distribution géographique - HAL-SHS - Sciences de l'Homme et de la Société Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Bulletin de la Société de Linguistique de Paris Année : 2016

Les pronoms enclitiques dans les langues ouest-iraniennes. Fonctions et distribution géographique

Thomas Jügel
Pollet Samvelian

Résumé

Clitic pronouns were a shared feature of Middle Iranian Languages. However, Modern Western Iranian languages display significant differences with respect to existence, functions and placement of clitics. Some of them, like Zazaki and Kurmanji, have simply lost their clitic pronouns. In some other languages, clitics have survived and maintained their initial pronominal function, ex. Persian, while in others, they have acquired a new function as subject-verb agreement markers, ex. Sorani, or even have given up their initial function in favor of the latter, ex. Talysh. Clitic placement has also undergone remarkable changes. The initial Wackernagel placement after the first stressed word of the sentence has evolved towards a position closer to the verb, either after the first constituent of the verbal phrase, ex. Sorani, or on the verb, ex. Persian. This paper addresses two issues, the preservation (or not) of clitic pronouns in Modern Western Iranian languages and their functional range. We first give an overview of the current situation of these clitics and their functions in these languages compared to those they had in Middle Iranian languages. Comparing the current situation in Sorani, which has clitics but no case-markig, and Kurmanji, which displays case-marking but no clitics, we then verify the validity of a potential correlation between the survival of morphological case-marking for nouns and the loss of clitics on a large sample of Western Iranian language. Although the correlation does not hold systematically, this investigation leads to interesting typological findings. In particular, the mapping of three parameters, i.e. case-marking (yes/no), existence of clitics (yes/no) and their functions (pronominal/marking agreement) highlights an interesting geographic distribution with respect to language types defined by these three parameters. Two geographic poles can be established: The South, where the case-marking is lost, and the North, where clitics have disappeared. An intermediate zone lies between these two poles, where clitics have survived but ceased to function as pronouns in order to exclusively realize subject-verb agreement.
Alors que les pronoms clitiques constituaient un trait commun des langues moyens iraniens, ils ont connu des destins divers dans les langues iraniennes modernes de l’ouest, en ce qui concerne leur maintien (ou non), leurs fonctions et leur placement. Totalement disparus de certaines d’entre elles, ex. le zazaki ou le kurmandji, ils ont survécu dans d’autres, tout en maintenant leur fonction pronominale initiale, ex. le persan, ou en y ajoutant la nouvelle fonction de marqueur d’accord sujet-verbe, ex. le sorani, voire en perdant leur ancienne fonction au profit de cette dernière, ex. le talysh. En ce qui concerne leur placement, ils ont abandonné leur position de Wackernagel pour se rapprocher du verbe : leur placement ne se détermine plus par rapport au premier mot accentué de la phrase mais par rapport au domaine verbal, ex. le sorani, voire au verbe, ex. le persan. Cet article est consacré aux deux premières questions, c’est-à-dire le maintien (ou non) et les fonctions des « pronoms » clitiques dans les langues iraniennes de l’ouest. Nous dresserons tout d’abord un état des lieux de fonctions de ces clitiques dans les langues où ils ont survécu, au regard des fonctions qu’ils assumaient en moyen iranien. Nous nous intéresserons ensuite à la question de l’existence d’une corrélation possible entre le maintien du marquage casuel pour les noms d’une part et la perte des pronoms clitiques d’autre part. Cette corrélation, plausible au premier abord si l’on compare le sorani (sans cas mais disposant de pronoms clitiques) au kurmandji (avec cas mais pas de pronoms clitiques), s’avère toutefois non systématique à l’issue d’un examen détaillé d’un grand nombre de langues et de dialectes. Toutefois, la projection cartographique de ces deux paramètres (l’existence ou non d’un marquage casuel et l’existence ou non des clitiques), combinés à un troisième paramètre indiquant la fonction des clitiques (pronom vs marque d’accord), permet de mettre en évidence une distribution géographique intéressante en fonction du type de langues. Deux pôles géographiques se distinguent : le sud, où le cas est abandonné, et le nord, où les pronoms clitiques sont abandonnés. La transition entre les deux pôles se fait par une zone intermédiaire, où les « pronoms » clitiques, tout en étant maintenus, ont cessé de fonctionner comme des pronoms pour se consacrer à la réalisation de l’accord sujet-verbe.

Domaines

Linguistique
Fichier non déposé

Dates et versions

halshs-01614131 , version 1 (10-10-2017)

Identifiants

  • HAL Id : halshs-01614131 , version 1

Citer

Thomas Jügel, Pollet Samvelian. Les pronoms enclitiques dans les langues ouest-iraniennes. Fonctions et distribution géographique . Bulletin de la Société de Linguistique de Paris, 2016, 1 (CXI), pp.391-432. ⟨halshs-01614131⟩
100 Consultations
0 Téléchargements

Partager

Gmail Facebook X LinkedIn More