Usages et mésusages des chiffres dans les dispositifs locaux de coproduction de la sécurité - HAL-SHS - Sciences de l'Homme et de la Société Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2017

Usages et mésusages des chiffres dans les dispositifs locaux de coproduction de la sécurité

Virginie Gautron

Résumé

Les politiques de lutte contre la délinquance mobilisent de nombreux professionnels au niveau local : préfets, policiers et gendarmes, magistrats, élus, associations, etc. Pour structurer les interdépendances complexes qui se sont nouées entre institutions, une nouvelle doctrine d'action publique s'est progressivement imposée : la « coproduction » de la sécurité 1. Au sein de multiples instances partenariales (Conseils locaux et départementaux de sécurité et prévention de la délinquance (CLSPD et CDP), Comités départementaux de sécurité (CDS), Etats-majors de Sécurité (EMDS), Groupes locaux de traitement de la délinquance (GLTD), etc.), ceux-ci tentent de construire une stratégie collective, un projet éventuellement formalisé par la signature de contrats locaux de sécurité (CLS), remplacés par des « stratégies territoriales de sécurité ». Ensemble, les acteurs locaux doivent définir des orientations communes, mutualiser leurs savoir-faire, leurs ressources et coordonner leurs actions. Pour qu'ils puissent déterminer, sur la base de critères d'analyse communs, des programmes d'action adaptés aux problématiques locales, de nombreux rapports, circulaires et notes ministérielles leur ont recommandé de confronter les informations dont ils disposent. Le renouvellement périodique de ce diagnostic partagé et la constitution d'indicateurs d'activité, de résultat et d'impact sont également présentés comme un moyen de vérifier l'atteinte des objectifs, d'évaluer l'efficacité des programmes, de détecter les effets pervers induits par l'action publique et de procéder à des corrections pertinentes 2. Dès 1990, une circulaire relative aux premiers « contrats d'action de prévention » envisagea de confier ces évaluations à des organismes de recherche cofinancés par l'Etat et les communes 3. Si quelques municipalités ont financé des chercheurs pour élaborer des diagnostics, ces expériences demeurèrent marginales 4. Plus contraignante, la circulaire du 28 octobre 1997 relative aux « contrats locaux de sécurité » (CLS) exigea la réalisation de « diagnostics locaux de sécurité » (DLS) 5. Les partenaires devaient y préciser, quantitativement et qualitativement, les caractéristiques locales de la délinquance (nature, ampleur, lieux et horaires de commission des infractions), le profil des auteurs et des victimes, l'importance du sentiment d'insécurité. Pour permettre au dispositif de « rester dynamique et d'évoluer », le texte insistait sur la nécessité d'établir des outils de suivi du contrat, notamment des indicateurs d'activité et de résultat. S'il n'est désormais plus question de « contrats », mais de « plans » ou de « stratégies », l'évaluation occupe toujours une place de choix parmi les priorités affichées par l'Etat. A l'instar de plusieurs circulaires et décrets antérieurs, la « stratégie nationale de prévention de la délinquance 2013-2017 » énonce que l’élaboration d’un nouveau plan local d’actions [...] doit s’appuyer sur un diagnostic actualisé, précis et partagé par l’ensemble des acteurs de la prévention».
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Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)

Dates et versions

halshs-01575834 , version 1 (21-11-2018)

Identifiants

  • HAL Id : halshs-01575834 , version 1

Citer

Virginie Gautron. Usages et mésusages des chiffres dans les dispositifs locaux de coproduction de la sécurité. Mespoulet M. (dir.). Quantifier les territoires. Des chiffres pour l’action publique territoriale, Presses Universitaires de Rennes, pp.95-107, 2017, 978-2-7535-5319-4. ⟨halshs-01575834⟩
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