Le statut des récités de voyage dans la géographie humaniste du XVe siècle
Résumé
Since the 13th century at least travel accounts are essential as sources for the knowledge
of the world. Humanists, such as Cristoforo Buondelmonti or Cyriac of Ancon, are
travellers themselves, while the Ancients had conferred a heuristic status to the travel
literature by recording information gathered from travellers. Humanists are yet
ambivalent. Some of them, for example Poggio Braccioloni, are enthusiastic in their
use of such material whereas others, such as Enea Silvio Piccolomini, are far more
suspicious about it.
In the 15th century, a humanist would use a travel account only if he was convinced
of the sincerity of his author and of his ability to properly transcribe reality. The success
of Niccolò de’ Conti’s account is partly due to the critical authority of his writer,
Poggio Bracciolini, which actually certifies the truth of it. But how can new information
be introduced in places where nothing is absolutely certain? Even the humanists
who use information gathered from travellers generally consider it with a critical
eye. Therefore travel accounts are no more than a piece of material among others
used to draw a picture of a world uncertain by essence, which would explain that in
the 15th century, these narratives could not be used as a tool to radically challenge the
ancient geography.
Au moins depuis le xiiie siècle, les récits de voyage constituent une source essentielle d’informations sur le monde. Des humanistes, tel Cristoforo Buondelmonti ou Cyriaque d’Ancône sont eux-mêmes des voyageurs, tandis que les auteurs antiques, en utilisant des informations recueillies auprès des voyageurs, avaient constitué la valeur heuristique des récits de voyage. Pourtant l’attitude des humanistes à leur égard est ambivalente. Certains, tel Poggio Bracciolini les utilisent avec enthousiasme tandis que d’autres comme Enea Silvio Piccolomini sont plus méfiants.
Au xve siècle, un humaniste utilise un récit de voyage s’il est convaincu de la sincérité de l’auteur et de sa capacité à retranscrire le réel. Le succès du récit de Niccolò de’ Conti mis par écrit par Poggio Bracciolini s’explique en partie par l’autorité critique prêtée à ce dernier, garant de la véracité des propos du premier.
Mais comment introduire les nouvelles informations en des lieux où règne l’incertitude ? D’une manière générale, même les humanistes qui usent des données recueillies parles voyageurs les soumettent à leur critique. Dès lors, les récits de voyage ne sontqu’un instrument parmi d’autres pour dessiner une image du monde par essence incertaine, ce qui explique qu’au xve siècle, ils ne pouvaient servir à remettre en cause radicalement la géographie antique.
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