Marchands, taverniers et échansons : étrangers et gens du Livre dans la poésie bachique arabe - HAL-SHS - Sciences de l'Homme et de la Société Accéder directement au contenu
Communication Dans Un Congrès Année : 2008

Marchands, taverniers et échansons : étrangers et gens du Livre dans la poésie bachique arabe

Résumé

Le poème bachique arabe classique (ḫamriyya) comporte un certain nombre de thèmes, de motifs et d'images récurrents, généralement traités dans le cadre de récits mettant en scène le poète et ses commensaux, le marchand de vin ou le tavernier, l'échanson et la chanteuse, dans une taverne, un monastère, un jardin ou une maison de notable. Le récit d'une « virée à la taverne (ḥāna, ḥānūt ou bayt ḫammār) » constitue sans conteste l'un des classiques du genre. Il est notamment l'occasion, pour le poète, de décrire le tavernier (ḫammār), personnage haut en couleurs qui, dans la poésie classique d'époque musulmane, est généralement un ḏimmī, juif, chrétien, voire zoroastrien. Mais l'interdit islamique ne suffit pas à expliquer pourquoi les métiers du vin, durant les premiers siècles de l'islam, étaient généralement exercés par des non musulmans. Le facteur religieux n'a fait que se superposer à un facteur culturel plus ancien dont l'importance ne se démentit pas après l'avènement de l'islam. Dès avant l'islam, en effet, marchands, taverniers et échansons étaient, par tradition, des non Arabes (ʿağam), le plus souvent de religion juive ; et cette tradition ne fit donc que se perpétuer durant les premiers siècles de l'islam, sans que cela ait un quelconque rapport avec les préceptes de la nouvelle religion et la prohibition des boissons alcoolisées. De fait, qu'ils soient non arabes ou qu'ils aient une religion autre que l'islam, voire, souvent, les deux à la fois, ils sont presque toujours décrits, au VIe siècle comme au IXe, à l'aide des mêmes trois attributs de base que sont l'accent étranger (une voix « nasillarde », aġannu ou ḏū ġunnatin), les boucles d'oreille (tawmatayn ou nuṭaf) et le ceinturon (zunnār, minṭaq ou ḥizām). Autrement dit, les règles vestimentaires imposées aux ḏimmī par les autorités musulmanes ne firent qu'entériner des pratiques déjà existantes, avec pour principal objectif d'interdire aux non musulmans de s'habiller comme les musulmans.

Domaines

Linguistique
Fichier non déposé

Dates et versions

halshs-01521337 , version 1 (11-05-2017)

Identifiants

  • HAL Id : halshs-01521337 , version 1

Citer

Bruno Paoli. Marchands, taverniers et échansons : étrangers et gens du Livre dans la poésie bachique arabe. colloque Langues anciennes dans un monde moderne, Apr 2008, Strasbourg, France. pp.75-86. ⟨halshs-01521337⟩
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