Redéveloppement urbain et (in)justice sociale : les stratégies néolibérales de « montée en gamme » dans les villes en déclin
Résumé
Les politiques de gentrification menées actuellement dans de nombreuses villes en déclin en France et au Royaume-Uni constituent un angle d'analyse fécond de la néolibéralisation des politiques urbaines en ce qu'elles contribuent à la restauration d'un « pouvoir de classe », celui des intérêts immobiliers, dans des espaces relativement pauvres. Cet article évoque l'action conjointe de deux grands facteurs pour rendre compte de la généralisation de ce phénomène. A l'échelle nationale, j'évoquerai l'évolution récente du référentiel des politiques urbaines des gouvernements centraux qui privilégient tous deux, bien que pour des motifs différents, la « mixité sociale » comme solution de sortie de la « crise urbaine ». A l'échelle locale, je montrerai ensuite comment les représentations actuelles de la ville post-industrielle permettent de dépolitiser les enjeux du redéveloppement et favorisent l'émergence de coalitions de croissance dont l'action en faveur de la gentrification repose sur des intérêts économiques et politiques bien réels. Dans les villes en déclin, les politiques de gentrification permettent ainsi de prendre la mesure d'une évolution du pouvoir de classe, depuis le capitalisme industriel vers le capitalisme immobilier. Je proposerai enfin de substituer la notion de « stratégies de montée en gamme » à celle de « politiques de gentrification » afin de rendre compte de la modification conséquente du référentiel de l'urbanisation dans de nombreuses villes occidentales en déclin.
Origine :
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