Objectifs didactiques et « manuélisation » du Cours de Linguistique Générale - HAL-SHS - Sciences de l'Homme et de la Société Accéder directement au contenu
Communication Dans Un Congrès Année : 2017

Objectifs didactiques et « manuélisation » du Cours de Linguistique Générale

Résumé

Le mot « cours », tel qu’il est employé depuis le tournant du XXe siècle, peut désigner des réalités hétérogènes (Bruter 2008). On en retient deux définitions : le cours comme suite de leçons lors desquelles est parcouru un domaine de savoir ; le cours comme manuel, « ouvrage publié à l’usage des étudiants – ou du corps professoral – en relation avec un programme précis et dans un but pédagogique clairement défini », mais dont le lectorat dépasse souvent les cadres disciplinaire et universitaire (Choppin 1998, p. 335). Dans le cas du Cours de linguistique générale, la transition d’une définition à l’autre est plus complexe qu’il n’y paraît. Au-delà du passage du pluriel des trois cours professés au singulier du manuel, Bally et Séchehaye signalent les difficultés que soulève « la forme de l’enseignement oral, souvent contradictoire avec celle du livre ». En réalité, les notes de Saussure, de même que celles des étudiants, ne sont pas stricto sensu un enseignement, mais des traces écrites d’un enseignement oral, dont elles sont fondamentalement dépendantes, en amont ou en aval. À ce titre, elles s’opposent au CLG, écrit qui se présente comme un enseignement en lui-même, hors de toute oralisation. Ainsi, à partir de sources manuscrites, fruits d’une première élaboration didactique effectuée par Saussure lui-même, les éditeurs en opèrent une seconde, qu’on pourrait qualifier de « manuélisation », « processus par lequel les savoirs linguistiques s’exposent et se diffusent à des fins opératoires de transmission, appropriation, réinvestissement » (Puech 1998). Il ne s’agit donc pas uniquement d’élaborer un texte théorique, mais bien de fixer un savoir autonome, diffusable et susceptible d’être appris, à partir des traces d’un savoir enseigné dans un contexte particulier, auquel il reste néanmoins intrinsèquement lié (Vallini 2013 [1979]). Ce travail ne semble pas réductible à l’entreprise d’annotation, de discussion et d’édition déjà bien documentée (Godel 1957; Engler (ed.) 1968; Sofia (ed.) 2015). Quelle est la part de la visée didactique dans l’écriture du CLG en tant que manuel ? Cette question pose celle des modèles dans la mesure où, en 1916, dans le domaine de l’étude des langues et du langage, le CLG n’est pas le seul manuel universitaire, ni même un cas unique de publication posthume (Darmesteter 1891), ni le premier ouvrage publié par Bally (1905; 1909) ou par Séchehaye (1909) à partir de leurs cours respectifs.
Fichier non déposé

Dates et versions

halshs-01506991 , version 1 (12-04-2017)

Identifiants

  • HAL Id : halshs-01506991 , version 1

Citer

Muriel Jorge. Objectifs didactiques et « manuélisation » du Cours de Linguistique Générale. Le Cours de Linguistique Générale, 1916-2016. L’émergence, Université de Genève; Cercle Ferdinand de Saussure, Jan 2017, Genève, Suisse. ⟨halshs-01506991⟩
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