Archives et (re)constructions disciplinaires : les savoirs linguistiques dans l’enseignement supérieur français (1860-1920) - HAL-SHS - Sciences de l'Homme et de la Société Accéder directement au contenu
Communication Dans Un Congrès Année : 2014

Archives et (re)constructions disciplinaires : les savoirs linguistiques dans l’enseignement supérieur français (1860-1920)

Résumé

Cette communication permet de s’interroger, d’une part, sur le statut de cette littérature grise que constituent les préparations, programmes et rapports de cours au regard de l’élaboration des notions scientifiques ; d’autre part, sur les méthodes de traitement de ce type d’archive – notamment celles qui s’inspirent de la critique génétique – permettant de mettre en évidence non seulement le caractère processuel de l’activité scientifique (Balibar & Prévost éd., 1995), mais aussi, pour ce qui nous concerne, la « didactisation » des savoirs à l’université – qui fait partie intégrante de leur disciplinarisation (Chiss & Savatovsky, dir., 2012). À partir d’exemples tirés des fonds G. Paris (bibliothèque Michel Fleury, EPHE, Paris), F. Brunot (Bibliothèque de l’Institut de France) et des papiers A. Darmesteter (Archives de l’Université de Paris, Bibliothèque Interuniversitaire de la Sorbonne), on s’attache donc, à la fois, à la manière dont ces archives de l’enseignement supérieur peuvent être analysées et comparées, et à ce que leur confrontation révèle des rapports qu’entretiennent la philologie, la linguistique historique et l’histoire de la langue française entre les années 1860 et 1920 (Bergounioux, 1994). G. Paris (Bähler, 2004), A. Darmesteter et F. Brunot ont en commun d’avoir étudié la langue française d’un point de vue historique et surtout d’avoir enseigné l’approche de la langue dans cette perspective. Paris et Darmesteter donnent tous deux des conférences sur les langues romanes à l’EPHE dans les années 1870, l’un en tant que professeur, l’autre en tant que répétiteur. Dans le même temps, Darmesteter enseigne aussi à la Sorbonne, où il occupe la chaire de Littérature française du Moyen-Âge et histoire de la langue française. Cette chaire est scindée en deux en 1900 et Brunot devient ainsi le premier professeur d’« histoire de la langue française ». Malgré l’écart générationnel entre ces savants, la diversité des institutions auxquelles ils appartiennent ou la disparité des intitulés de leur(s) cours, les manuscrits produits en amont et en aval des enseignements qu’ils dispensent témoignent de convergences de forme et de contenu, mais aussi de divergences importantes, notamment sur le plan méthodologique. Leurs archives sont donc à considérer non seulement comme des traces du travail scientifique mais aussi comme des lieux de constitution de ce savoir tel qu’il est diffusé à travers l’enseignement. Constructions à la fois didactiques, historiques et scientifiques (à mettre en regard d’autres manuscrits de linguistes de la même époque – cf. Sofia & Chepiga, dir.), elles révèlent la manière dont les linguistes identifient eux-mêmes les savoirs qu’ils produisent et les découpages disciplinaires sur lesquels ils les fondent.
Fichier non déposé

Dates et versions

halshs-01506977 , version 1 (12-04-2017)

Identifiants

  • HAL Id : halshs-01506977 , version 1

Citer

Muriel Jorge. Archives et (re)constructions disciplinaires : les savoirs linguistiques dans l’enseignement supérieur français (1860-1920). Archives des savoirs : problèmes et enjeux, Maison de l'Histoire, Université de Genève, Jun 2014, Genève, Suisse. ⟨halshs-01506977⟩
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