Répartition et circulation : les enjeux de la catégorisation dans le camp de Choucha (Tunisie)
Résumé
Quels sont les liens entre la dimension matérielle du confinement des étrangers et la finalité des lieux de confinement, à savoir la gestion de la circulation des migrants par leur admission ou leur expulsion ? L'analyse porte ici sur la répartition des migrants à l'intérieur du camp de transit de Choucha en Tunisie qui, jusqu'à sa fermeture en juin 2013, a accueilli les migrants subsahariens qui fuyaient les combats en Libye. Cette opération de répartition montre que les catégories pertinentes pour organiser le confinement d'un grand nombre de personnes sont celles liées aux appartenances nationales ou ethniques. Or, si le fait de séparer les individus selon leur nationalité permet au gestionnaire de garantir la tranquillité du camp, la répartition ainsi conçue anticipe les futurs statuts administratifs des personnes (réfugié, débouté, etc.). Ainsi ces catégories nationales, mobilisées pour gérer le quotidien de l'enfermement, révèlent-elles un contrôle anticipé des possibilités de déplacement qui seront laissées – ou imposées – aux individus. Certains migrants tentent alors de contester les catégories dans lesquelles ils ont été classés comme en témoigne le cas étudié ici du groupe des « réfugiés de Choucha ».
Domaines
Sociologie
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