Pour en finir avec la communication

Eliseo Veron (1)

1 Département Communication

Aujourd'hui, le «nœud » qui s'est fait autour de la notion de communication est inextricable, et l'on a le droit d'être pessimiste quant à la possibilité de dissiper les multiples malentendus qu'elle trâine avec elle. Il en a sans doute toujours été ainsi, mais l'effet de mode, qui s'est considérablement accentué ces dernières années, ne nous aide en rien à produire, à son égard, quelques éclaircissements. Car cette notion ne permet pas de délimiter une discipline : toutes les sciences humaines peuvent lui être accolées (psychologie de la communication, sociologie de la communication, anthropologie de la communication, et ainsi de suite) et la plupart l'ont été. De plus, et malgré l'illusionm créée par ce genre d'expression, le terme «communication » ne désigne pas un objet empirique, un processus d'un certain type, localisable dans la réalité : on peut parler de communication (et on l'a déjà fait) à propos de n'importe quel phénoméne, à condition que des êtres vivants (humains ou nons humains) y soient mêlés. En somme : parler de «Sociologie des médias », par exemple, et parler de «Sociologie de la communication » ce sont deux opérations radicalement différentes. Dans le premier cas, je désigne une discipline et je lui assigne un objet ; dans le second je ne fait ni l'un ni l'autre, car la communication n'étant pas un objet repérable, la désignation de la discipline reste précisément sans objet.

Mots clés: Communication

Domaines: Sciences de l'information et de la communication; Linguistique; Sociologie; Méthodes et statistiques

Eliseo Veron. Pour en finir avec la communication. Réseaux : communication, technologie, société, 1991, La communication : une interrogation philosophique 46-47, pp.119-126. ⟨halshs-01487089⟩