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Chapitre d'ouvrage Année : 2013

Réparer, régénérer, optimiser

Baptiste Viaud

Résumé

La création de la Société Médicale d'Education Physique et de Sport (SMEPS) en 1921 témoigne de la nécessité pour les médecins de l'éducation physique et des sports de se grouper et de faire valoir leur unité, seul gage de pérennité. Ils s'accordent dans ce cadre à dépasser leurs intérêts particuliers et se rangent derrière l'étendard d'un intérêt général, la régénération de la race, qui trouve un second souffle dans la France des années 1920. Mais si ce groupement médical inédit entend mener à bien une mission de redressement de l’ordre national, il sert également les ambitions privées des médecins qu’il héberge. Ces derniers, ayant au préalable fait l’expérience de la désunion, ont perçu l’impériosité de ne pas se laisser étouffer par un éternel débat sur les méthodes. Ne reniant à aucun moment leurs certitudes personnelles, l’alliance de tous s’est posée comme le principe inéluctable de la survie et du développement des activités propres à chacun. En jouant sur les ressources et les surfaces sociales spécifiques des membres de la SMEPS, il s’agissait bien « d’assurer la propagande ». Face au silence profond et répété du corps médical et à la timidité des milieux athlétiques qui craignent parfois le risque d’une ingérence médicale trop forte dans leurs sociétés, le soutien politique aura été déterminant dans son institutionnalisation progressive. Si cette poussée conséquente de médicalisation renforce de fait une légitimité collective, elle ne parvient pour autant pas à homogénéiser l’exercice de cette médecine, dont la définition peine à se stabiliser. L’exercice corporel est un facteur déterminant pour la race et doit être logiquement dirigée par l’expert en matière d’hygiène, mais les moyens d’y parvenir restent éminemment disparates. Si pour les uns, se rendre sur le stade et prendre part à la préparation d’un athlète de bon niveau en vue d’une performance, c’est faire œuvre nationale, pour d’autres l’éducation physique en tant que thérapeutique puissante à l’égard des difformités et autres anomalies, ne peut se réaliser que dans l’intimité des cabinets ou le calme des dispensaires. Ainsi, malgré une phase très nette d’institutionnalisation de la médecine de l’éducation physique et des sports dans l’entre-deux-guerres, les oppositions restent extrêmement fortes et sont à l’origine d’exercices médicaux différenciés. Médecine de contrôle, médecine clinique, médecine expérimentale, dans les cabinets, les laboratoires, les dispensaires, ou enfin les sociétés sportives, les combinaisons sont multiples. Dans un contexte où la perfectibilité des corps n’est plus l’apanage des seuls individus malades qu’il s’agit de « réparer », mais représente également un principe posé au regard de l’ensemble d’une population qu’il est nécessaire de régénérer, la réalité des pratiques médicales en lien avec la mise en mouvement des corps reste à explorer.
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Citer

Baptiste Viaud. Réparer, régénérer, optimiser : La perfectibilité des corps au prisme de l’hétérogénéité des médecines des activités physiques et sportives dans l’entre-deux-guerres français. L'exercice corporel du XVIIIe siècle à nos jours. De la thérapeutique à la performance, 2013, 978-2-35815-108-5. ⟨halshs-01481138⟩
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Dernière date de mise à jour le 20/04/2024
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