Atlas académique des risques sociaux d'échec scolaire : l'exemple du décrochage
Résumé
Sortir sans diplôme du système éducatif, c’est aujourd’hui être grandement exposé au chômage
et au sous-emploi en début de vie active. En période de crise, ce phénomène est encore accentué.
Qui plus est, l’analyse des cheminements professionnels sur longue période montre que le désavantage
sur le marché du travail des jeunes non diplômés perdure bien au-delà de la période d’insertion.
Même si une partie d’entre eux acquiert de façon différée une qualification, au final, leur destinée
professionnelle est largement marquée par l’insécurité de l’emploi ou/et des emplois de mauvaise
qualité.
Dès lors, quitter le système scolaire (collège, lycée général, lycée professionnel ou centre de formation
pour apprentis) sans avoir acquis au moins un diplôme de niveau V apparaît bel et bien comme un
risque socio-économique. La réduction de ce que les pouvoirs publics ont désigné par le terme de
« décrochage scolaire » est devenue aujourd’hui une des priorités affichées dans la politique éducative.
Est-il besoin de rappeler que chaque année ce risque se concrétise encore pour un jeune sur six ?
En privilégiant une entrée par le territoire, cet ouvrage apporte un éclairage original sur ce risque,
que l’on sait très inégal selon le milieu d’origine et les conditions de vie. Alors que de nombreuses
analyses nationales sur le décrochage accordent une place très modeste à la dimension territoriale,
cet atlas nous rappelle à sa façon que le territoire joue un rôle important dans la reproduction
sociale. La ségrégation spatiale dans les agglomérations urbaines, de même qu’entre territoires
ruraux et territoires urbains, sont en elles-mêmes génératrices d’inégalités sociales et de ce fait,
d’inégalités scolaires. La correspondance entre la géographie du décrochage scolaire et celle d’un
ensemble de facteurs socioéconomiques est donc au centre de cet atlas.
Dans le sillage d’une étude nationale menée pour le fonds d’expérimentation pour la jeunesse et
publiée par le Céreq en 2012, c’est à l’échelle de chaque académie que nous descendons ici. Et les
auteurs nous invitent à une lecture en termes de « risques sociaux territorialisés » à ce niveaulà.
Car le territoire n’est pas seulement le vecteur potentiel d’inégalités. Il est aussi le support de
l’action publique. Autour de chaque établissement scolaire, les acteurs publics sont ainsi face à un
public socialement différencié. Cet ouvrage constitue une invitation à réfléchir sur les actions à
entreprendre localement.
Que les auteurs, tenants de la géographie sociale, soient remerciés pour ce précieux outil de travail.
Catherine MOISAN
Directrice de la DEPP
Alberto LOPEZ,
Directeur du Céreq
Origine : Fichiers éditeurs autorisés sur une archive ouverte