L’Écriture traduite, commentée, réécrite: Antonio Brucioli, Teofilo Folengo, l’Arétin
Résumé
Le triomphe de la langue vulgaire, la diffusion de nouvelles idées religieuses et l’absence de réaction concertée de l’Église ont déterminé dans les années 1530 un renouvellement de la littérature italienne de sujet biblique, dont Venise, premier centre de production éditoriale et plaque tournante dans la circulation des hommes et des idées, fut un lieu majeur, avec les interventions d’Antonio Brucioli, de Teofilo Folengo et de l’Arétin, que la critique n’avait pas ou très peu mises en rapport.
Brucioli et l’Arétin, liés d’amitié, partagent le difficile statut de laïc et une adhésion initiale aux idées érasmiennes. Mais l’écart se creuse entre, d’une part, un anticléricalisme qui chez Brucioli se radicalise au contact de l’idée de sacerdoce universel, et d’autre part, des ambitions cléricales qui conduisent l’Arétin à défendre une religion catholique menacée par l’hérésie auprès de fidèles dont cependant la sensibilité religieuse a évolué.
Le rapport que l’Arétin entretient avec Folengo est de silencieuse émulation littéraire. De façon inattendue, à propos de la médiation jugée nécessaire entre le fidèle et le texte biblique, le laïc se rapproche du moine, qui défend une doctrine de l’humanité du Christ capable de régénérer l’Église sans rompre avec elle. Toutefois, chez l’Arétin, cette doctrine, qui donne son nom à l’œuvre qu’il consacre après Folengo à la vie du Christ, reste traditionnelle pour répondre à l’attente d’un pape qui n’entend pas composer avec l’hérésie.
Domaines
Littératures
Loading...