« Habermas et le genre : l’expérience du décentrement par la discussion »
Résumé
Habermas n’a certainement jamais cherché à conceptualiser les processus de production et de reproduction des genres et des sexes, et l’on chercherait vainement une quelconque évocation des rapports de sexe dans son œuvre avant la description qu’il fait du féminisme dans Théorie de l’agir communicationnel. Il n’y figure d’ailleurs que comme simple illustration des nouvelles formes de conflit dans les sociétés complexes, touchant « à la grammaire des formes de vie ».
Néanmoins, la discussion âpre de sa théorie dans le champ des études de genre, et en particulier par des féministes proches de sa pensée comme Nancy Fraser, Seyla Benhabib, ou Iris Marion Young, portant tout particulièrement sur la nature ou la fonction idéologique des distinctions qu’il utilise, n’est pas restée sans effets. Elle l’a progressivement amené à prendre en considération certains des biais que l’oubli des rapports sociaux de sexe engendre pour une théorie de la politique délibérative, à la corriger en conséquence. Qui plus est, se sentant sommé de répondre à certaines des questions soulevées par la théorie du « care », il a également amendé à la lumière de celles-ci son éthique de la discussion.