Une expérience de formation d’enseignants à l’éducation scientifique par les albums de jeunesse.
Résumé
La perspective de l’enseignement des sciences est d’offrir d’une part l’égalité des chances de réussite scolaire et d’insertion professionnelle, et d’autre part un accès égalitaire à une culture scientifique pour tous permettant à chacun de jouer pleinement son rôle de citoyen capable de s’engager dans un débat de société moderne. Or, le développement, pour cet effet, d’une image de la science telle qu’elle se fait – la NoS - en termes de démarches, de nature du savoir produit, d’impacts… est moins évident que celui des contenus eux-mêmes (Supprakob et al., 2016). Pourtant, depuis les années 2000, les programmes officiels d’enseignements des sciences physiques et chimiques en France mettent l’accent autant sur les contenus que sur les démarches scientifiques. Leur traduction en actes concrets et quotidiens d’enseignement-apprentissage dépend entièrement des conceptions épistémologiques et didactiques des enseignants. C’est ainsi que l’article 7 de l’arrêté du 27 août 2013, sur la formation des enseignants en ESPE, recommande de les familiariser avec les différents aspects de la démarche scientifique comme composante de la professionnalité des enseignants de sciences. Notre action de formation dans ce cadre est guidée par la double question de recherche-formation : dans quelle mesure les conceptions des futurs enseignants sur la science et son mode de fonctionnement leur permettent d’avoir une lecture pertinente des textes officiels et de répondre ainsi à la double perspective sociétale de son enseignement, instruite et éduquer ? Et comment parfaire ces conceptions ?
Notre approche consiste à réaliser lors de la première séance de formation une enquête « rapide » sur la démarche scientifique, qui est dépouillée par les futurs enseignants eux-mêmes. Utilisant les TICE, cette phase leur permet d’obtenir une « image » immédiate de leurs conceptions. Elle présente également l’avantage de leur faire vivre un exemple de recherche. Nous les engageons ensuite dans une démarche scientifique en les invitant à se mettre dans la peau des « 7 souris dans le noir » (Young, 2004), et à vivre l’intrigue de cet album de fiction réaliste (Soudani et al., 2015) dont nous avons scénarisé la lecture pour cet effet. Sans moyen d’accéder à la « réalité » de la chose étrange qui a effrayé les souris aveugles de naissance, chaque étudiant doit en construire un modèle sur la base des signes perceptuels rapportés par ces souris. Ils débattent ensuite de leurs démarches et résultats respectifs, sous forme de congrès scientifique au cours duquel un jeu de réfutation-validation les fait passer des productions subjectives, exclusives et isolées à une production objective et concertée. Ils discutent également des implications didactiques possibles de ce qu’ils viennent de vivre.
Cette communication propose donc de présenter quelques résultats de ces deux moments de formation.
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