Monologue des enfants et monologue intérieur - HAL Accéder directement au contenu
Communication dans un congrès Année : 2015

Monologue des enfants et monologue intérieur

Résumé

Des corpus aussi différents que les monologues des enfants et les monologues intérieurs comportent au moins une caractéristique commune : l’instabilité pronominale. Pourtant, a priori, tout semble les séparer, puisque le monologue de l’enfant est une forme orale, non préparée, énoncée par un enfant en cours de construction du langage alors qu’à l’inverse le monologue intérieur est un artefact dont l’écriture suppose une très grande maîtrise linguistique et stylistique. L’énonciation dans le monologue intérieur se définit notamment par un mélange de différents niveaux et une instabilité pronominale marquée dès l’incipit qui entraine des répercussions syntaxiques. L’instabilité pronominale fait ainsi partie des procédés permettant de créer une configuration syntaxique particulière censée évoquer l’endophasie et représenter une « syntaxe de la conscience ». L’enfant apprend des mots et des constructions en dialogue. Ce sont ces petits bouts de langage doués de sens en contexte qui petit à petit lui permettent de se construire des grammaires successives que certains vont répéter comme des gammes quand ils sont seuls, sous forme de monologues, ou ce que Piaget (1923) et Vytosky (1934) nomment, un peu différemment, « langage égocentrique ». Ces monologues se caractérisent également par une utilisation des pronoms qui à première vue paraît erratique mais que nous analyserons afin de montrer à quel point chaque forme correspond à une fonction spécifique en contexte (Budwig 1995, Nelson 1989). Les perspectives objective et subjective se croisent et sont à la fois l’écho du langage entendu, de la voix de l’autre et d’une voix en construction, propre à l’enfant. Dans cette étude, nous comparons les procédés syntaxiques utilisés autour de la référence personnelle une collection d’extraits de monologues intérieurs littéraires (Dujardin, Larbaud, Joyce, Woolf) et les moments monologiques tirés de corpus longitudinaux d’enfants francophones et anglophones transcrits sous CLAN et alignés avec les enregistrements vidéos. La comparaison entre ces deux types de corpus permet d’interroger les points communs qui surgissent au fur et à mesure de l’analyse des pronoms. Ils supposent une structuration linguistique commune à ces différentes pratiques monologales puisque dans les deux cas on est face à une dynamique de création et de construction à partir de matériaux linguistiques qui ont des caractéristiques similaires. Le brouillage apparent des personnes commun à ces deux genres que tout semble opposer est un reflet d’une part de la représentation de la pensée intérieure, et de l’autre l’expression d’une pensée qui se construit et s’extériorise à voix haute. Les marqueurs grammaticaux utilisés pour la référence personnelle reflètent les spécificités polyphoniques des deux types de corpus et l’empreinte du dialogue sur l’activité monologique représentée dans le cas de la création littéraire, en cours de construction dans le cas des productions enfantines.
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Dates et versions

halshs-01424051, version 1 (01-01-2017)

Identifiants

  • HAL Id : halshs-01424051 , version 1

Citer

Aliyah Morgenstern, Stéphanie Smadja. Monologue des enfants et monologue intérieur. AFLICO 2015, Jean-Pierre Chevrot, May 2015, Grenoble, France. ⟨halshs-01424051⟩
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Dernière date de mise à jour le 20/04/2024
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