La chute des corps : le « coup de dés » de Jean-Luc Nancy
Résumé
De quoi parle Jean-Luc Nancy dans Corpus ? De l’invention du corps en Occident. L’Occident est donc une chute, un accident (de occidere : tomber). Il est non seulement le lieu où le soleil décline et se couche (l’Occident, le « Couchant du Temps », disait Hölderlin), mais comme par prédestination nominale, le lieu où s’est inventée cette chute infinie des corps : déclin, déclinaison, clinamen. C’est dans un matérialisme rigoureux que s’énonce ceci : le corps est d’abord élément d’une physique qui décline ses lois : pesanteur, attraction, gravitation. Gravitation mais aussi gravité des corps (le sévérité, la force de la loi) et encore, comme en sourdine, le corps gravide (« il est descendu en lui-même, sous la loi de cette gravité propre qui l’a poussé jusqu’en ce point où il se confond avec sa charge ») : corps engrossé et qui pèse (de gravidus, « chargé », dérivé de gravis, « lourd »), poids du corps enceint de lui-même, qui tombe de lui et se met au monde. Toute naissance est une chute, répètent les textes sacrés.
Origine :
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