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Communication Dans Un Congrès Année : 2010

L’historiographie ecclésiastique en Occident (IVe-XIIe siècles) : Providence, type, exemple

Résumé

Les penseurs du Moyen Âge occidental entretiennent un rapport aussi riche que complexe envers le passé. Presque tous moines ou clercs, ils appliquent à l'histoire une grille de lecture chrétienne. À leurs yeux, le Sauveur est l'alpha et l'oméga, le début et la fin des temps. Création, Incarnation et Parousie sont les moments forts de l'humanité qui, après avoir connu la chute originelle et la Rédemption, attend la plénitude des temps. Cette perspective eschatologique explique le fort investissement de la Providence dans l'histoire. Dieu guide, en effet, les hommes vers le salut éternel. Il intervient, par conséquent, de façon directe dans leur devenir. L'histoire devient ainsi théophanie : elle manifeste les merveilles de Dieu. Déceler ces signes surnaturels dans l'évolution du monde est le propre du penseur. À la façon du prophète, il puise dans les Écritures des types ou figures anticipant les faits qu'il narre. Une théologie de l'histoire est au cœur de sa réflexion. L'histoire est, enfin, perçue, selon la maxime cicéronienne, comme un opus maxime oratorium. C'est pourquoi, d'après le classement des sept arts libéraux, les médiévaux la placent à l'intérieur de la grammaire. Ils considèrent, tout simplement, que son étude est particulièrement utile pour lire avec précision et profit la Bible. Au Moyen Âge, le récit des faits passés n'est pas un simple divertissement, ni une célébration d'événements, sans conséquences pratiques. Au contraire, il sert à instruire, à édifier et à convertir. Dans l'Antiquité déjà, l'histoire — magistra vitae, d'après Cicéron — met en scène de façon pédagogique les succès et les erreurs des hommes, qu'il faut imiter ou éviter. C'est dans le domaine de la grâce que l'épître aux Hébreux situe un discours du même ordre, tandis qu'elle propose les patriarches de l'Ancien Testament en modèles d'une foi avec des œuvres, que chaque chrétien se doit de reproduire en sa personne. Aux siècles suivants, les clercs perpétuent cette approche exemplaire du passé, dont ils cherchent à tirer le sens tropologique ou moral pour l'édification des fidèles. L'historiographie du Haut Moyen Âge s'inscrit dans le droit fil du panégyrique de l'Antiquité qui tendait à exalter de façon exagérée les hauts faits des grands hommes, devenus des héros au sens païen du terme. Plus prégnante est, cependant, en particulier pour le genre biographique de l'hagiographie, l'influence de la Bible, qui fournit en la personne des patriarches, prophètes et apôtres un modèle de sainteté, directement applicable au saint de la biographie. Ces emprunts soulignent le carcan générique qui enserre cette littérature. Ils témoignent du poids des autorités, à commencer par les Écritures, en historiographie. Enfin, l'importance nouvelle de la prédication rend, en partie compte, de l'anecdotique et du miraculeux qui envahit ces écrits, qui s'adressent, une fois mis en langue orale et vulgaire, à un public sensible au merveilleux.

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  • HAL Id : halshs-01420198 , version 1

Citer

Martin Aurell. L’historiographie ecclésiastique en Occident (IVe-XIIe siècles) : Providence, type, exemple. Actes de colloque, Pontifica Universita della Santa CRoce, Mar 2008, Rome, Italie. pp.55-71. ⟨halshs-01420198⟩
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