La discipline des sentiments. Responsabilisation et culpabilisation dans la justice des mineurs. - HAL-SHS - Sciences de l'Homme et de la Société Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Revue française de sociologie Année : 2012

Disciplining Sentiments: Responsibility and Guilt in the Justice System for Minors.

La discipline des sentiments. Responsabilisation et culpabilisation dans la justice des mineurs.

Résumé

In France, the justice system for minors, since the government edict of 2nd February 1945, has been distinguished officially from others by the importance attached to applying an “educative” rather than “repressive” approach. This explicit stance on the part of the political and judicial authorities is reflected in the development of institutions whose policy is one of “educational” supervision. But what does this educational work consist of? In a context marked by the increasing bureaucratization of socio-judicial work, how do officials assess the impact and effectiveness of the policy? Using the results of an ethnography conducted in an open custody unit of the Youth Judicial Protection Service (Protection Judiciaire de la Jeunesse) and a children’s court in the Paris region, this study shows that professionals attach particular importance to bringing about a change in attitude towards self and others. The understanding is that “successful support” of delinquent minors will encourage them to express a sense of responsibility and guilt for their behaviour, two feelings invested with redemptive, healing abilities. Expression of such sentiments, which are at the heart of the moral economy of juvenile delinquency, is understood to attest to a subjective transformation, which becomes the ultimate justification for the work done with these delinquents as well as a condition for their pardon. The importance attached to eliciting expressions of a sense of responsibility and guilt thus contributes to disciplining sentiments, where the aim is no longer to correct behaviour but persons.
En France, la justice des mineurs se distingue officiellement par le primat de l’« éducatif » sur le « répressif », tel qu’énoncé par l’ordonnance du 2 février 1945. Cette volonté affirmée des autorités politiques et judiciaires s’est traduite par le développement d’institutions dédiées, en charge d’une politique d’encadrement spécifique. Mais en quoi consiste leur travail éducatif ? Dans un contexte marqué par une bureaucratisation croissante du travail sociojudiciaire, comment les agents en évaluent-ils la portée et l’efficacité ? À partir d’une enquête conduite auprès d’une unité de milieu ouvert de la Protection judiciaire de la jeunesse et d’un tribunal pour enfants de la région parisienne, l’ethnographie montre que les professionnels accordent une importance particulière à la transformation du rapport à soi et aux autres. Un « accompagnement réussi » doit favoriser l’émergence et l’expression de responsabilité et culpabilité, deux émotions investies d’une capacité réparatrice et rédemptrice. Marques d’un encadrement sociojudiciaire abouti, ces sentiments – au cœur de l’économie morale de la délinquance juvénile – témoigneraient d’une transformation subjective, justification au travail déployé et condition au pardon. L’importance accordée à la responsabilité et à la culpabilité participe ainsi d’une disciplinarisation des sentiments qui cherche à corriger non plus les actes, mais les personnes.
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halshs-01416743 , version 1 (14-12-2016)

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Citer

Sébastien Y. Roux. La discipline des sentiments. Responsabilisation et culpabilisation dans la justice des mineurs.. Revue française de sociologie, 2012, 53, pp.719-742. ⟨10.3917/rfs.534.0719⟩. ⟨halshs-01416743⟩
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