Sexe, race, classe et musiques mafana (« chaudes ») à Madagascar : une articulation émancipation/domination complexe
Résumé
À Madagascar, des musiques auparavant exclusivement régionales sont depuis quelques années diffusées à l’échelle nationale, réunies sous une nouvelle étiquette médiatique : « musiques mafana » (“chaudes”). Des artistes, pris dans cette catégorie, construisent de nouvelles formes musicales associant répertoires régionaux et formes modernes internationales, notamment en affirmant et revendiquant une appartenance « Black » par des emprunts à des genres musicaux africains et nord-américains modernes. Porté en partie par des femmes, parties de régions et conditions dominées et devenues « stars », figures populaires publiques, notamment de l’émancipation féminine, ce phénomène renvoie à des imaginaires multiples. Il est entre autre à comprendre dans un contexte de relations interethniques au niveau national, héritées du système colonial et mobilisant des représentations stéréotypées entre « merina » (groupe ethnique historiquement dominant, de la capitale) et « côtiers », à travers des oppositions tels que « blanc » / « noir », « de type asiatique » / « de type africain », « civilisé »/ « sauvage », sexualité débridée / mesurée...