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Chapitre d'ouvrage Année : 2009

La « camelote » au bagne

Résumé

La production artistique au bagne est essentiellement issue d'un système d'économie parallèle que les forçats et le personnel de l'administration pénitentiaire surnomment communément « camelote ». Cette production dont il reste de nombreux témoignages aujourd'hui constitue pour les forçats qui s'y livrent une manne financière destinée à améliorer leurs conditions de vie sur place et qui leur permet d'obtenir ce qu'ils ne peuvent acquérir même en travaillant régulièrement pour l'administration pénitentiaire, c'est-à-dire de l'argent. Pour prendre le cas des relégués collectifs internés au dépôt de Saint-Jean-du-Maroni (Guyane française), ces derniers sont par exemple astreints à des travaux forcés mais le salaire qu'ils reçoivent en contre-partie est très insuffisant et ne leur permet pas d'améliorer leur ration alimentaire quotidienne. D'autre part, les relégués ne reçoivent pas leur salaire sous forme numéraire, mais sous la forme d'un pécule qui est simplement reporté sur un registre qu'ils doivent ensuite obligatoirement dépenser à la cantine du dépôt. La cantine représente donc l'instrument du paiement des salaires des relégués et ces derniers peuvent venir y acheter quelques denrées alimentaires (pain, sucre, café, etc.) ou du tabac. Cette absence de numéraire représente ainsi le ressort premier de tous les trafics et de tous les détournements à la relégation. Les relégués revendent par exemple leurs effets vestimentaires personnels, se prostituent ou volent dans les jardins, les cuisines ou les ateliers de la relégation pour obtenir l'argent qu'ils ne peuvent obtenir même en travaillant régulièrement. Cet argent leur sert notamment à payer ce que la cantine de l'administration pénitentiaire ne peut pas leur fournir, comme par exemple monnayer les charmes d'un congénère, acheter de l'alcool, des suppléments de nourriture, des jeux de cartes ou bien acquérir des biens nécessaires à l'organisation d'une évasion. Les salaires des relégués sont de plus volontairement maintenus bas par l'administration pénitentiaire afin de les forcer à travailler en dehors de leurs heures de travail quotidiennes. Comme la plupart d'entre eux ne travaillent que le matin (de 6h 30 à 11h 30), l'après-midi doit être consacré à une activité annexe afin d'obtenir le supplément qui leur manque pour vivre correctement au bagne. Les relégués peuvent ainsi travailler comme domestiques (ou garçons de famille), ils peuvent également obtenir une concession agricole et vendre leur production au personnel administratif, chasser ou pêcher ou bien encore s'adonner à la « camelote », c'est-à-dire à la confection de menus objets qu'ils peuvent ensuite revendre. Ainsi, parmi les multiples recours dont ils disposent pour gagner de l'argent en dehors de leur emploi régulier, les relégués s'adonnent massivement à la production de « camelote ». A partir de 1938, le gouverneur de la Guyane introduit une modification du régime du pécule des relégués
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Dates et versions

halshs-01409164, version 1 (12-01-2018)

Identifiants

  • HAL Id : halshs-01409164 , version 1

Citer

Jean-Lucien Sanchez. La « camelote » au bagne. L'artisanat du bagne, catalogue de l'exposition « L'artisanat du bagne », Musée des Beaux-Arts de Chartres, Ville de Chartres, p. 19-23, 2009. ⟨halshs-01409164⟩
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Dernière date de mise à jour le 20/04/2024
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