Le bagne commence à la libération - HAL-SHS - Sciences de l'Homme et de la Société Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Une saison en Guyane Année : 2015

Le bagne commence à la libération

Résumé

« Le bagne commence à la libération » « Que font-ils ? D'abord ils font pitié. Ensuite ils ne font rien. […] Alors, hors des prisons, sans un sous, portant tous sur le front, comme au fer rouge et comme recommandation : ancien forçat ; avilis, à la fois révoltés et mâtés, minés par la fièvre, redressés par le tafia, vont, râlent, invectivent, volent et jouent du couteau, les parias blancs de Saint-Laurent. Leur formule est juste : le bagne commence à la libération. » Albert Londres, Au bagne La libération du bagne, tant espérée par beaucoup de forçats, se révèlent paradoxalement pour beaucoup d'entre eux une cruelle désillusion. Internés au pénitencier, ils disposent du gîte et du couvert, même si ceux-ci sont relativement spartiates. Dehors, ils sont astreints à une résidence obligatoire et doivent se débrouiller par leurs propres moyens. Beaucoup connaissent alors des situations de misère, ou réintègrent le bagne à la suite de nouveaux forfaits ou d'une évasion ratée. Les lois sur la transportation et sur la relégation prévoyaient pourtant de favoriser leur réinsertion dans le tissu économique et social de la Guyane. L'enjeu étant de permettre l'implantation d'une colonie de peuplement et de favoriser son développement, à l'instar de la colonisation pénale de l'Australie menée par la Grande-Bretagne. Pour ce faire, l'article 6 de la loi du 30 mai 1854 sur l'exécution de la peine des travaux forcés, dite loi sur la transportation, aménage un « doublage » : les transportés condamnés à moins de huit ans de travaux forcés doivent à leur libération demeurer sur place un temps équivalent à la durée de leur peine. Ceux condamnés au-delà doivent y demeurer à perpétuité. Idem pour les relégués individuels ou collectifs qui ne peuvent être relevés de leur peine que par décision du tribunal correctionnel local. Les libérés connaissent ainsi une véritable impasse. En premier lieu, beaucoup d'anciens forçats issus des pénitenciers de Saint-Laurent et de Saint-Jean sont interdits de séjour à Cayenne et dans sa périphérie. Ils sont donc tenus pour la plupart de demeurer sur le territoire pénitentiaire du Maroni. Celui-ci est consacré au bagne et concentre sur toute sa superficie les principaux pénitenciers guyanais. Les libérés rencontrent beaucoup de difficultés pour y trouver un emploi : la majorité est déjà occupée par des forçats en cours de peine que l'administration pénitentiaire loue à des particuliers, des entreprises ou des services publics coloniaux à des tarifs bien plus bas que ceux qu'ils réclament. Ils sont également

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Identifiants

  • HAL Id : halshs-01409137 , version 1

Citer

Jean-Lucien Sanchez. Le bagne commence à la libération. Une saison en Guyane, 2015, Hors série août 2015 (3), p. 58-63. ⟨halshs-01409137⟩
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