L’anthropométrie avant et pendant la relégation au bagne. Le cas de la Guyane française - HAL-SHS - Sciences de l'Homme et de la Société Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2012

L’anthropométrie avant et pendant la relégation au bagne. Le cas de la Guyane française

Résumé

Jeune commis aux écritures à la préfecture de police de Paris, Alphonse Bertillon présente, par deux fois dès 1879, au préfet de police Louis Andrieux une méthode de mesure ostéométrique qu'il estime infaillible pour révéler l'identité des condamnés récidivistes. Comme il le précise alors : « M r. Broca, le célèbre anthropologiste que j'ai consulté à ce sujet, m'a affirmé qu'il était impossible de retrouver deux hommes ayant même taille, même envergure et même hauteur de médius » Initialement rejetée, sa proposition suscite pourtant ensuite l'intérêt du nouveau préfet de police Ernest Camescasse qui est nommé en juillet 1881. Ce dernier décide d'accorder un délai probatoire à Bertillon qui parvient, le 20 février 1883, à effectuer une première reconnaissance d'un « cheval de retour » grâce à son « invention ». L'intérêt de Camescasse pour ce qui deviendra rapidement le « bertillonnage » est notamment motivé par le fait qu'il sera aussi l'auteur, aux côtés du ministre de l'intérieur Pierre Waldeck-Rousseau et du garde des Sceaux Félix Martin-Feuillée au sein du gouvernement de Léon Gambetta, d'une proposition de loi visant à déporter perpétuellement certains condamnés récidivistes sur le sol d'une colonie. Cette proposition débouchera sur la loi relative à la relégation des récidivistes qui, promulguée le 27 mai 1885, suppose pour pouvoir être efficacement appliquée le recours par les pouvoirs publics à des modes d'identification incontestables. Car les fraudes ne vont pas manquer de se multiplier avec le durcissement de la politique républicaine portant sur les récidivistes : « Ces fraudes sont très fréquentes et on peut présumer qu'elles le deviendront encore bien plus, quand les peines qui frappent le récidiviste auront été aggravées ». Cette loi est donc, dès son origine, reliée à la technique anthropométrique qui permet de prélever, de fixer et d'archiver un savoir sur les « délinquants d’habitude ». L’anthropométrie demeure ainsi l’envers nécessaire de la loi, mais son efficacité reste directement conditionnée aux acteurs et aux contextes au travers desquels elle est mise en œuvre comme le montre significativement l’exemple des relégués pour la Guyane.

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Dates et versions

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Identifiants

  • HAL Id : halshs-01409128 , version 1

Citer

Jean-Lucien Sanchez. L’anthropométrie avant et pendant la relégation au bagne. Le cas de la Guyane française. Pierre Piazza. Aux origines de la police scientifique : Alphonse Bertillon, précurseur de la science du crime, Karthala, 2012, 9782811105501. ⟨halshs-01409128⟩
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