Les convois de forçats en direction des bagnes coloniaux : l'exemple du Martinière - HAL-SHS - Sciences de l'Homme et de la Société Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2012

Les convois de forçats en direction des bagnes coloniaux : l'exemple du Martinière

Résumé

Les convois de forçats en direction des bagnes coloniaux. L'exemple du Martinière La simple évocation des convois de forçats en direction des bagnes coloniaux de Guyane ou de Nouvelle-Calédonie stimule par avance tout un imaginaire marqué par le bruit et la fureur, suscitant immédiatement une attente légitime vis-à-vis de la thématique abordée au sein de cet ouvrage collectif, celle de la cruauté légendaire des commandants de bord. Mais les figures de William Bligh ou du capitaine Achab et leur rage tournée contre leur équipage n'ont guère de place à bord des transports de forçats et ce pour plusieurs raisons. La principale tient à l'insuffisance des sources disponibles sur les commandants de bord ayant dirigé des cargos-bagne. Les informations sont lacunaires et les témoignages les plus fournis concernent le dernier navire convoyeur, le Martinière, qui a assuré le transport des forçats du mois de juin 1921 jusqu'au dernier au mois de novembre 1938. Grâce à l'important ouvrage que lui ont consacré Franck Sénateur, Bernard Cognaud et Paul Mauro 1 , nous disposons ainsi des mémoires de celui qui fut son capitaine durant treize ans, le commandant Jules Rosier. Mais la lecture de ces mémoires laisse percer çà et là un homme plus soucieux d'assurer les meilleures conditions de traversée possibles à ses passagers qu'un tyran brutal et violent. Le commandant du Martinière n'a effectivement pas besoin de recourir à un surcroît de force du fait des mesures d'internement particulièrement drastiques auxquelles sont déjà soumis les forçats sous sa direction. Le navire sous son commandement est effectivement un "bagne flottant" comme il le surnomme lui-même et les forçats subissent leur traversée dans des conditions particulièrement éprouvantes, encadrés par des surveillants militaires et entassés derrières les barreaux de cages intitulées fort justement "bagnes". Les convois de forçats nécessitent toutefois de multiples précautions à bord et le commandant peut toujours recourir à des moyens disciplinaires pour contraindre certains récalcitrants, dont les terribles tuyaux de vapeur qui ont fait frémir à tort ou à raison des générations de forçats. Mais la traversée en direction de la colonie ne représente pas l'étape la plus redoutée des forçats durant leur transit jusqu'au bagne. Il faut effectivement l'envisager comme un élément intermédiaire au sein d'un processus qui s'est déjà abattu sur le condamné dès le prononcé de la transportation aux assises et qui l'a soumis lors de son internement au sein de la citadelle de Saint-Martin de Ré à un devenir inéluctable, celui de forçat. Le navire convoyeur, aussi surprenant que cela puisse paraître, représente ainsi aux yeux de nombre de forçats un viatique qui va leur permettre d'atteindre un rivage regardé tout à la fois comme un lieu d'expiation mais également comme un lieu d'évasion. De la Marine à la Compagnie Nantaise de Navigation à Vapeur 1 "Le bagne flottant (mémoires du commandant Rosier)", dans Sénateur F., Cognaud B., Mauro P., Martinière. Le transport des forçats (1910-1955), Rennes, Marines Éditions, 2008, p. 23-40.

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Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)

Dates et versions

halshs-01409127 , version 1 (12-01-2018)

Identifiants

  • HAL Id : halshs-01409127 , version 1

Citer

Jean-Lucien Sanchez. Les convois de forçats en direction des bagnes coloniaux : l'exemple du Martinière. Pierre Prétou. Fureur et cruauté des capitaines en mer, Presses Universitaires de Rennes, p.236-251., 2012. ⟨halshs-01409127⟩
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