Les relégués au pénitencier de Saint-Jean-du-Maroni durant le Second Conflit mondial (1939-1943) - HAL-SHS - Sciences de l'Homme et de la Société Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2016

Les relégués au pénitencier de Saint-Jean-du-Maroni durant le Second Conflit mondial (1939-1943)

Résumé

Les relégués étaient internés en Guyane française sur le territoire pénitentiaire du Maroni, au pénitencier de Saint-Jean-du-Maroni et dans ses camps annexes. Au début de leur installation, leur taux de mortalité est particulièrement élevé : de 1888 à 1905, il est en moyenne de 12 %. Cette situation s'explique essentiellement par leurs conditions d'accueil particulièrement précaires à leur arrivée dans la colonie. L'administration pénitentiaire coloniale n'a pas été en mesure de bâtir les infrastructures destinées à les recevoir et ils doivent construire dans l'urgence des bâtiments pour les héberger eux et leur personnel d'encadrement. Il en résulte des conditions insuffisantes d'hygiène et des épidémies de fièvre jaune, de paludisme et de dysenterie éclatent régulièrement. Ces maladies constituent les principaux facteurs à l'origine de la mortalité élevée des relégués. Néanmoins, à force d'aménagements et d'assainissements, la relégation devient peu à peu salubre et le taux de mortalité annuel oscille, à partir des années 1930, autour de 3 %. Pourtant, à partir de 1941, le taux de mortalité des relégués repart à la hausse pour atteindre un niveau jamais égalé. De 1941 à 1943, il atteint une moyenne de plus de 32 % de l'effectif total. En 1942, c'est près 48 % de l'effectif des relégués qui meurt dans l'année. Cette brusque hausse du taux de mortalité ne s'explique par aucune épidémie particulière. En effet, si l'on compare le taux de mortalité des transportés internés au pénitencier de Saint-Laurent-du-Maroni et dans ses camps annexes, distants de celui de Saint-Jean de seulement 16 km, il est pour la même période de 4 %. Ainsi, qu'est-ce qui explique que sur une aussi courte période les relégués ait été les victimes d'une telle hécatombe ? Comment cette situation at -elle pu être possible et qu'est-ce qui l'a générée ? Un régime disciplinaire considérablement durci Le régime disciplinaire en vigueur à la relégation avant 1939 est particulièrement drastique. Suite à un mouvement de grève entrepris par les relégués en 1931, 1 le commandant supérieur de la relégation Limouze, spécialement nommé pour en venir à bout, y fait régner une « discipline de fer ». 2 Bien que le décret du 18 septembre 1925 relatif au régime disciplinaire des établissements de travaux forcés aux colonies ait aboli la peine de cachot, les relégués subissent toujours cette peine : la moitié au moins des cellules des bâtiments disciplinaires du pénitencier s'y apparente. Les punitions sont en outre administrées dans des proportions totalement anormales. En 1936, le nombre de journées de cellule subies par les relégués est de 39 733 et celui des nuits de prison est 1 Cf. Jean-Lucien Sanchez, A perpétuité. Relégués au bagne de Guyane, Paris, Vendémiaire, 2013, p. 160 et suiv. 2 Le procureur de la République, Rapport sur l'inspection des pénitenciers de la transportation et de la relégation au Maroni, 21 juin 1938, Archives départementales de Guyane (désormais ADG) IX 71.

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  • HAL Id : halshs-01409114 , version 1

Citer

Jean-Lucien Sanchez. Les relégués au pénitencier de Saint-Jean-du-Maroni durant le Second Conflit mondial (1939-1943). Sylvie Humbert, Yerri Urban. Histoire de la justice, Justice en Guyane. A l’ombre du droit, La Documentation française, p. 155-170, 2016. ⟨halshs-01409114⟩
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