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Chapitre d'ouvrage Année : 2009

Cartographie de l’espace beckettien

Résumé

Si l’on replace les choses dans l’histoire, les espaces beckettiens témoignent particulièrement de « l’esprit nouveau » qui s’est installé après-guerre et dont la scène et les écritures théâtrales d’aujourd’hui ne sont toujours pas remises. Les textes de Beckett (mais aussi ceux d’Adamov ou Ionesco notamment) proposent en effet un regard désabusé sur la condition humaine : faut-il encore s’évertuer à parler quand le langage ne parvient pas à cerner le monde dans lequel nous vivons ? L’abandon de la figure du héros, l’absence de motivation du personnage, les non-lieux dans lesquels il évolue, l’effacement des repères chronologiques au profit d’un temps duratif, la fable qui n’a plus de véritable début ni de fin, l’histoire qui se répète sans trouver de solution : tous ces éléments, couplés à des formulations elliptiques et énigmatiques, manifestent dans le « théâtre de dérision » une libération complète du geste d’écriture. Cet affranchissement formel va dans le sens d’une remise en question des possibles de la représentation théâtrale. La réforme du statut du personnage (devenu figure parlante), l’abondance des commentaires didascaliques, l’insert de temps, de pauses et de silences, les écarts linguistiques et l’absence apparente de logique dans la construction du texte, empêchent en effet la situation et l’action d’advenir. Chez Beckett, le phénomène est particulièrement sensible : il n’y a rien à faire sauf parler pour passer le temps et se demander s’il a passé ; il n’y a rien à mettre en espace sinon des corps parlants qui arpentent le plateau ("En attendant Godot") ou des corps incomplets, prisonniers d’un carcan ("Oh les beaux jours"). Chez Beckett – et c’est une véritable nouveauté dramaturgique dans les années 50 –, le spectaculaire change de paradigme : la construction de l’espace n’est plus l’expression d’un milieu ou le cadre bien défini de l’action et de la fable, mais un champ d’exploration des capacités de la parole à générer du continu. L’espace devient un territoire énonciatif et son occupation le sujet de la pièce. Etude accompagnée de planches cartographiques.
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Dates et versions

halshs-01406569, version 1 (01-12-2016)

Identifiants

  • HAL Id : halshs-01406569 , version 1

Citer

Céline Hersant. Cartographie de l’espace beckettien . Françoise Rullier-Theuret. Beckett ou le meilleur des mondes possibles (Agrégation 2010), PUF; CNED, p. 32-55, 2009, XXe siècle français 978-2-13-057845-1. ⟨halshs-01406569⟩
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Dernière date de mise à jour le 07/04/2024
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