Contribution de l’analyse géohistorique à l’aménagement d’un fleuve alpin : le Rhône suisse - HAL-SHS - Sciences de l'Homme et de la Société Accéder directement au contenu
Communication Dans Un Congrès Année : 2016

Contribution de l’analyse géohistorique à l’aménagement d’un fleuve alpin : le Rhône suisse

Dominique Baud
Emmanuel Reynard
  • Fonction : Auteur
  • PersonId : 860406

Résumé

Le Rhône suisse fait l’objet depuis le début des années 2000 d’un grand projet d’aménagement – appelé la Troisième correction du Rhône, à la suite d’une première correction entreprise entre 1863 et 1894 et une deuxième correction réalisée entre 1930 et 1960 – dont l’objectif est de sécuriser les zones habitées, les complexes industriels et les infrastructures de transport, en redonnant de l’espace au cours d’eau canalisé, tout en conciliant des objectifs écologiques (par la reconstitution partielle de la biodiversité et le développement de corridors écologiques) et économiques (en renforçant les liens entre le Rhône et la société par le développement de nouveaux espaces de loisirs). L’endiguement du fleuve et les vastes travaux d’assèchement des marais qui ont fait suite se sont traduits par une transformation en profondeur des paysages fluviaux. La plaine alluviale, autrefois sujette à une exploitation extensive des prés humides et des forêts alluviales, a fait la place dès la première moitié du XXe siècle à un terroir agricole dédié aux cultures intensives (maraîchages, vergers), lui-même petit à petit réduit par une urbanisation rapide dès les années 1980. Parallèlement au projet d’aménagement du fleuve, le projet « Sources du Rhône », développé par les Archives de l’Etat du Valais, vise à valoriser les sources archivistiques relatives au Rhône. Nous contribuons à ce projet en exploitant différents documents cartographiques sur le secteur compris entre Sion et Martigny. Cette recherche géohistorique permet de contribuer à une meilleure connaissance sur le fleuve et sa plaine alluviale et leur évolution au cours des deux derniers siècles. L’approche géohistorique contribue à la connaissance du Rhône de différentes manières : –Le traitement de données cartographiques historiques dans un environnement de système d’information géographique (SIG) permet de quantifier (au moyen de matrices de transition) et de visualiser (au moyen de cartes diachroniques) les transformations du paysage et de l’utilisation du sol. Ce sont surtout les cartes officielles – des cartes de l’Atlas Dufour, réalisées dans les années 1840, avant la correction du fleuve, aux cartes actuelles de l’Office fédéral de topographie, en passant par les cartes de l’Atlas Siegfried, dès les années 1880 – qui permettent ces reconstructions paysagères. –Les cartes anciennes sont non seulement des documents à la disposition des chercheurs pour reconstituer les évolutions paysagères ; elles sont également elles-mêmes des objets d’étude. C’est le cas, notamment, d’un jeu de cartes réalisées par la Commission rhodanique entre 1918 et 1920 afin d’évaluer la plus-value des terrains humides suite aux travaux d’assèchement de la plaine réalisés dans les années 1920. Cette série de cartes nous a permis de saisir les modalités du processus décisionnel, ainsi que les enjeux politiques se cristallisant autour de la problématique de l’assainissement de la plaine. –Les documents cartographiques – souvent riches en détails toponymiques et graphiques – permettent de saisir l’importance de l’utilisation humaine de la plaine avant la correction du Rhône. Bien loin d’être un vaste marécage, comme certains voyageurs romantiques l’on décrite, la plaine rhodanienne était le lieu d’une économie complexe et diversifiée durant les siècles précédant les aménagements du milieu du XIXe siècle. –Finalement, les cartes anciennes permettent de questionner le problème de l’état de référence pour la revitalisation actuelle du fleuve : est-ce la période de tressage de la fin du Petit Age Glaciaire – dont l’existence n’est plus garantie par les conditions hydroclimatiques et économiques actuelles – qui doit être recherchée ou au contraire un style fluvial à méandres plus ancien, très certainement existant à la fin du Moyen Age, comme dans d’autres rivières alpines ?
Fichier non déposé

Dates et versions

halshs-01403219 , version 1 (25-11-2016)

Identifiants

  • HAL Id : halshs-01403219 , version 1

Citer

Dominique Baud, Emmanuel Reynard. Contribution de l’analyse géohistorique à l’aménagement d’un fleuve alpin : le Rhône suisse. Géohistoire de l’environnement et des paysages, Laboratoire GEODE, Oct 2016, Toulouse, France. ⟨halshs-01403219⟩
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