J. Paviot and J. Verger, La toute première étape de mon raisonnement a même recouru à la métaphore de la « naissance » (Geburt, lors d'une conférence à Göttingen, début 1993) à côté d'une formulation en terme d'« apparition/origine » (Entstehung) suggérant une sorte de génération spontanée ; mais ce vocabulaire naturaliste/spontanéiste a rapidement laissé place à celui de l'inventio, qui avait l'avantage d'attirer l'attention sur, pp.533-545, 2000.

F. Wolfgang-götz-von-berlichingen-rossach, Geschichte des gräflichen und freiherrlichen Hauses Egloffstein, Nuremberg, 1863 ; Wilhelm von Feilitzsch, Geschichte und Genealogie der freiherrlichen Familie von Feilitzsch, Neustadt a.d. Aisch, 1875, Beiträge zur Familiengeschichte der Reichsfreiherren von Bibra, pp.1880-1888, 1861.

O. Frhr and . Von-aufseß, Geschichte des uradelichen Aufseß'schen Geschlechts in Franken Louis Ferdinand Frhr. von Eberstein, Urkundliche Geschichte der reichsritterlichen Geschlechts Eberstein vom Eberstein auf der Rhön, Berlin, 1889 ; Hermann Frhr. von Reitzenstein, Geschichte der Familie von Reitzenstein, p.1894, 1888.

R. Frhr, . Von-thüngen, and . Das-reichsritterliche-geschlecht?, Geschichte der reichsständischen Hauses Schwarzenberg, Neustadt a.d. Aisch, Degener, 1963 ; Eberhard Frhr. von Eyb, Das reichsritterliche Geschlecht der Freiherren von Eyb Gottfried Frhr. von Rotenhan, Die Rotenhan Genealogie einer fränkischen Familie von 1229 bis zum Dreißigjährigen Krieg, Neustadt a.d. Aisch, Degener 1887 ; les Monumenta Castellana, On pourra ajouter à cela des éditions de sources réalisées dans la perspective du Geschlecht et par ou à la demande de ses membres Urkundenbuch zur Geschichte des fränkischen Dynastengeschlechts der Grafen und Herren zu Castell 1057-1546, éd. Pius Wittmann, pp.1952-19561891, 1890.

R. Frhr, von Thüngen signalait ainsi que « si je puis dire que je me suis efforcé d'exploiter toutes les chartes significatives sur ma famille qui me sont accessibles, une partie considérable reste cependant inétudiée et l'on ne rencontre que trop souvent des surprises à l'occasion de telles recherches. C'est ainsi que la découverte d'un tout nouveau fonds familial [Familienarchiv], dont personne n'avait idée jusque là et qui était resté invisible au Juliusspital jusqu'à la réorganisation de ses trésors archivistiques, m'a apporté une quantité inconcevable de nouveaux faits?, Avec l'amélioration régulière du repérage et donc de l'accessibilité de la documentation Das reichsritterliche Geschlecht?, op. cit., p. VI, trad. J.M.), la qualité de l'érudition de ces travaux s'est souvent accrue ? de manière cumulative, donc, ce qui ne présage en rien la qualité de l'interprétation, 1925.

O. Francken-löblichen and . Gebürg, Geschlechts-Register der uralten deutschen Reichsständischen Häuser Isenburg Wied und Runkel, Mannheim, 1775, etc.), qui contribuent par conséquent à entretenir l'idée que le Geschlecht est la forme normale de l'aristocratie : cf. entre autres Anton Fahne, Geschichte der kölnischen, jülischen und bergischen Geschlechter in Stammtafeln, Beiträge zur Genealogie der adligen Geschlechter, vol.11, pp.1848-1853, 1747.

. Adelsarchive, château : elles sont de ce fait aussi désignées comme des Schloßarchive ou encore Gutsarchive, « archives châtelaines » ou « domaniales » qui, malgré leur nom, ne se limitent en rien aux papiers du château ou du domaine en question On y trouve en effet des documents composés dans une perspective « lignagère » et des documents provenant de diverses lignées, au gré des aléas successoraux. C'est ainsi que les archives des Thüngen dits aujourd'hui de Weißenbach contiennent les documents médiévaux provenant des multiples lignées des Thüngen ; l'ensemble des pièces a ensuite été classé thématiquement et numéroté indépendamment de leur origine, puis installé dans une salle particulière) : tout ceci a contribué à unifier l'ensemble de ces archives en un ensemble unique, aujourd'hui conservé comme tel en dépôt privé au Staatsarchiv Würzburg. La pratique archivistique contemporaine, dès lors que ces archives sont passées dans les dépôts publics (aux archives départementales françaises à la Révolution, ou alors en tant que « dépôts privés » dans les dépôts publics allemands, comme dans le cas des Thüngen), où règne le principe du « respect des fonds » depuis le début du XIX e siècle, a ainsi « fossilisé » l'ensemble documentaire et contribué à l'amnésie de sa genèse, 85 Les archives lignagères, qualifiées d'« archives familiales » voire « archives nobiliaires Que les historiens utilisent fréquemment, pour désigner les archives des lignées conservées séparément, la notion de Teilarchive) signale ainsi clairement que c'est l'existence de ces archives communes qui est considérée comme le niveau normal de référence, pp.271-282, 1914.

. Cf, le cas des « bibliothèques familiales » ou « de majorat » mentionné supra (n. 63)

. Un-exemple-parmi, Sur l'armorial de 1525, les lignages (Geschlechter) de rang chevaleresque dominants sont placés tout en haut de l'image. À cet égard, un lustre particulier est attribué aux familles (Familien) dont les armoiries se trouvent à la première ligne d'écus (de petite noblesse) » (W. Wagenhöfer, Die Bibra?

T. Vorfragen, Adel und Herrschaft im Mittelalter' », Zeitschrift für die Geschichte des Oberrheins, pp.1-62, 1957.

. Festgabe-zu-seinem-sechzigsten-geburtstag, Sa thèse de base est le passage vers l'an mil d'une structure de parenté cognatique et ouverte (la Sippe) à une structure agnatique et fermée (le Geschlecht), pp.183-244, 1983.

K. Nulle, où il tire cette notion patrilinéaire et je m'autorise donc à considérer qu'elle est mobilisée parce qu'elle fait partie du vocabulaire de base de l'histoire aristocratique allemande. Sans vouloir faire un procès d'intention à K. Schmid, on observera cependant qu'il a ainsi contribué à recycler, en historicisant le Geschlecht comme il l'a fait, la notion de Sippe qui avait constitué un enjeu clé dans le discours germanomane, devenu intenable après 1945. Il s'agit donc, en fin de compte

J. Goff, La civilisation de l'Occident médiéval, 1964.

. Duby-ne-recourt-pas and . Ma-connaissance, à cette notion, et ses rapports à l'anthropologie sont toujours restés mesurés : malgré la co-organisation du colloque de Paris de, Famille et parenté dans l'Occident médiéval. Actes du colloque de Paris, pp.6-8, 1974.

. De-l-'europe-féodale-À-la-renaissance, 113, et surtout « L'État contre le 'lignage': un thème à développer dans l'histoire des pouvoirs en France aux XI e , XII e et XIII e siècles (où il souligne l'écart entre le lignage médiéval et le « patrilignage, Duby) et surtout Martin Aurell (Les noces du comte. Mariage et pouvoir en Catalogne etc. Le terme est toujours régulièrement utilisé dans les travaux de M. Nassiet (cf. supra, pp.37-50785, 1985.

. Le-sens-courant-outre, Rhin de la notion de « médiévistes » est celle de « spécialiste du Moyen Âge », historien stricto sensu ou non Cette précision est en effet nécessaire dans la mesure où les historiens (stricto sensu) allemands ne se sont « cannibalisme » (pour reprendre Marc Augé) auquel se réduit la récupération latérale

L. Pour-récapituler and . Genus, Au terme d'un processus tardif (et pour l'essentiel post-médiéval ? au sens académique du terme « médiéval ») qu'il conviendrait d'étudier de façon plus précise qu'on ne l'a fait ici, le geschlecht (et le principe d'unité dans la diversité qu'il implique) est restreint à la petite (et moyenne) aristocratie laïque (y compris urbaine) et devient un concept indigène en tant que mode de découpage médiéval du réel qui s'impose tant à ses membres qu'à leurs partenaires sociaux, à validité essentiellement juridique : un ensemble complexe, articulé et cohérent de pratiques langagières, archivistiques et iconographiques a donné corps à l'existence du lignage et l'a inscrit dans les représentations collectives en le dotant d'une sorte d'évidence nécessaire pour légitimer les règles successorales qui se déroulent en son sein et qui sont sa seule finalité Avec la recomposition complète du système des usages linguistiques (non seulement taxinomiques mais aussi sémantiques) entre le XVII e et le XIX e siècle, le Geschlecht devient un concept double dans la sphère politique, avec un usage dominant (en tant que genre/sexe) et un usage dominé (en tant que famille noble) ? qui est celui qui nous a ici occupé Ces deux concepts politiques (ou idéologiques) ont cependant été convertis en concepts scientifiques au travers des deux principaux discours génétiques dont se dote la société bourgeoise : la biologie et l'histoire. Le Geschlecht devient par conséquent soit un objet d'idéalisation romantique endogène 109 ? appuyé sur les fonds d'archives lignagers, fossilisés par la pratique archivistique et convertis en corpus naturels dont l'ancienneté des éléments garantit celle du Geschlecht que chacun met en scène ?, soit un trophée notionnel, vestige d'un système social obsolète et transférable sur des sociétés contemporaines considérées comme inférieures. Cette double circulation débouche enfin sur des réappropriations historiennes « latérales » (par emprunt à des disciplines et/ou à des pays voisins), peut-être révélatrices de stratégies d'affirmation (au sein du champ historien ou face à d'autres champs sociaux) mais dont la fragilité est en tout cas brouillée par la méconnaissance générale (pour des raisons linguistiques ou de spécialisation) du caractère historiquement daté et peu construit de ces concepts. On a ainsi affaire à un cas exemplaire de « bouclage » paralogique (le Moyen Âge expliqué à partir de la vision de l'Ancien Régime considérée comme une reconstitution rationnelle) fondé sur la récupération de notions élaborées dans des conditions variables mais dont on ne se préoccupe pas, qui sont éventuellement brouillées davantage encore par des circulations entre disciplines qui s'ignorent et entre historiographies aux traditions nationales distinctes, dont l'historien contribue à prolonger l'illusion sociale partagée dès lors qu'il ne s'emploie pas à historiciser ses propres concepts. Toutefois, la déconstruction de ces concepts ne peut pas seulement se limiter à l'examen de la circulation et des inflexions des usages des mots : elle impose également de prendre en compte la manière dont la documentation historienne elle-même a été organisée et réorganisée. Si l'on admet que les documents que nous avons résultent ? on me pardonnera la trivialité de ces remarques ? du fait qu'on a produit, guère préoccupés d'anthropologie (le seul historien germanophone, est Simon Teuscher, « Parenté, politique et comptabilité? », op. cit., qui écrit à partir d'un horizon historiographique nettement plus étendu) ; ce sont ainsi avant tout des germanistes spécialistes de la littérature médiévale allemande qui ont reçu l'approche « française » : cf. notamment Wilhelm Busse, « Verwandtschaftsstrukturen im Parzival Erkantiu Sippe unt hoch Geselleschaft. Studien zur Funktion des Verwandschaftsverbandes in Wolframs von Eschenbach Parzival, pp.116-134, 1979.