Le Front national : sortir de l’isolement politique
Résumé
Ce chapitre analyse les évolutions récentes du Front national (FN) et l'impact de l’accession de Marine Le Pen à la présidence du parti en 2011. Sont examinées tour à tour l'idéologie du parti, la structure de son électorat, son organisation et ses satellites, ainsi que la stratégie de "désenclavement" mise en oeuvre par la nouvelle équipe dirigeante. La dynamique dont bénéficie Marine Le Pen à quelques mois de l'échéance présidentielle de 2012 atteste de son succès à transformer le FN en parti d’une « France d’en-bas » profondément meurtrie par la crise économique et sociale, en capitalisant sur tous les ressentiments, toutes les inquiétudes et toutes les colères. Visible lors des cantonales de mars 2011, cette poussée se traduit dans la plupart des enquêtes d’opinion. Dans cette hypothèse, le FN se trouverait à nouveau confronté aux deux dilemmes stratégiques que doivent résoudre la plupart des partis populistes et extrémistes en Europe. Le premier touche à l’équilibre entre positionnement protestataire et volonté d’apparaître comme un acteur crédible à vocation gouvernementale. En s’éloignant du seul domaine de la dénonciation radicale des dysfonctionnements du système, le FN prend le risque de s’aliéner une partie de son électorat qui trouve surtout dans la formation lepéniste l’opportunité d’exprimer son mécontentement à l’adresse des partis traditionnels. Le second est lié, on l’a souligné, à l’impossibilité pour le FN d’accéder au pouvoir en dehors d’une alliance avec la droite parlementaire. En l’absence, pour l’instant, de toute perspective d’accord avec l’UMP, une interrogation fondamentale demeure quant à la capacité du Front national à s’extirper dans les années à venir de son isolement politique en dépit du score record que lui prédisent les sondages pour 2012.