La culture enfantine en tensions, l'engagement des artistes en question
Résumé
Les artistes en résidence en milieu scolaire, confrontés au quotidien de l’institution scolaire et à ses contraintes, sont engagés dans des formes de négociation dans lesquelles ils et elles tentent de faire exister leur univers artistique, l’art et les arts en général. Parmi les formes négociées, il y a celle résultant de la rencontre entre les « propositions artistiques » des artistes et des fragments de « culture enfantine », entendue grossièrement comme culture de masse (avec les figures stéréotypées de la princesse, du pirate, de la sorcière, la prégnance des animaux, la présence de monstres, les personnages de Disney, Pixar, les figures de Barbie, Hello Kitty, Spiderman, etc.). Cette contribution s’appuie sur des éléments d’une enquête par entretiens réalisée dans le cadre de la recherche POLEART, auprès d’artistes ayant travaillé en résidence dans le cadre du programme Enfance Art et Langages (écoles maternelles, ville de Lyon, 2002-2015) et de quelques autres intervenant en milieu périscolaire. Elle s'intéresse à la manière dont ces objets culturels ont été traités par des artistes dont le travail est aussi de produire des objets culturels.
Dans le prolongement de cette mise en perspective de la notion de « culture », dont le monde actuel comporte des conceptions multiples, nous verrons comment ces mêmes artistes témoignent d’un engagement politique à partir de la question éducative. À partir des divers paramètres à prendre en compte pour comprendre l’engagement des artistes (le rapport singularité-altérité ; la relation d’humain à humain ; le monde concret et l’expérience ; la place de l’incertitude liée à l’activité artistique), nous nous demanderons si leur travail en milieu scolaire conforte, conteste ou enrichit les modes dominants de la « culture enfantine ».