Chaucer et la danse de Vénus, ou les délices de l'adultère
Résumé
A la fin du poème Venus and Adonis, la déesse pleure la mort de l'amant qui l'a rejetée en envoyant sa malédiction sur les amours futures. Shakespeare n'est pas le premier à retourner le mythe contre lui-même, en suscitant une déesse capable de condamner ses adorateurs à des vicissitudes au moins temporaires. Les voix de la mythologie nous présentent déjà une divinité dotée d'adorateurs, qu'elle défend, et de détracteurs. La figure recréée par Shakespeare offre cependant un visage supplémentaire : c'est l'amour, le sentiment même qu'elle est censée promouvoir, qu'elle entache de sa malédiction. C'est en fait dès Chaucer que l'on trouve en Angleterre l'image littéraire d'une Vénus double, à la fois bienveillante et malveillante dans ses relations avec les mortels : une Vénus omnipotente et ironique, dont la danse, savante ou désordonnée, possède une valeur proleptique annonçant les délices du mariage ou les affres de l'adultère. A travers plusieurs exemples tirés des Canterbury Tales, ce sont quelques aspects de cette Vénus "janusienne" qui sont examinés dans cette communication.
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