L'immigration en Europe et aux Etats-unis - HAL-SHS - Sciences de l'Homme et de la Société Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2010

L'immigration en Europe et aux Etats-unis

Résumé

Le sens commun tend à opposer l'expérience migratoire des États-Unis et de l'Europe. Le phénomène serait, aux États-Unis, ancien, considéré depuis toujours comme constitutif de la nation et plutôt bien accepté. De ce fait, toute latitude serait laissée aux immigrants de s'organiser en communauté permettant de préserver leur identité culturelle et une politique assez libérale en matière de droit au séjour ferait en permanence des États-Unis le premier pays d'immigration au monde. À l'inverse, l'Europe ne serait devenue terre d'immigration que tardivement-après la seconde guerre mondiale nous dit Wikipedia - et, regardant les nouveaux venus avec méfiance, serait aujourd'hui une Europe forteresse en proie à une xénophobie multiforme. L'histoire des migrations vers ces deux espaces présente pourtant, à l'échelle des deux derniers siècles, de fortes similitudes. Les phases d'immigration qui les ont affecté obéissaient à des logiques comparables, qui mêlent, dans des proportions variables, déterminants économiques – les périodes de forte croissance se traduisant fréquemment par une immigration massive-échos des conflits militaires et idéologiques des siècles passés, charriant leur lot d'exilés et de réfugiés et un volontarisme politique que justifie parfois des considérations stratégiques. Aux États-Unis, comme dans celui de nombreux États européens, une immigration massive fut parfois désirée et des politiques mises en place, ou des accords internationaux passés, afin de la susciter. De même, le débat sur l'immigration, souvent vif, s'y organise aujourd'hui, et s'y organisait hier, selon des principes voisins. Les défenseurs d'une politique d'ouverture des frontières la justifient généralement par l'utilité économique des migrants et la nécessité démographique, qu'il s'agisse d'équilibrer la pyramide des âges d'un pays vieillissant, ou, autrefois, de disposer des colons permettant de prendre possession d'un continent vierge ou de recruter les soldats des conflits à venir. Ses adversaires insistent sur la menace qu'elle fait peser sur les moeurs et les équilibres politiques et sociaux de la nation, menacée de dissolution, ou d'une irréversible altération des éléments définissant son identité. Cet argumentaire, qui fut aux États-Unis celui des nativistes de la fin du dix-neuvième siècle, hostiles à l'immigration venue du sud et de l'est de l'Europe, mais aussi celui des dirigeants prussiens redoutant la polonisation de l'est de l'Allemagne à la fin du XIXe siècle, ou de nombreux auteurs anglais de la seconde moitié du XIXe siècle, inquiets du renouveau du catholicisme nourri par les arrivées massives d'Irlandais, est aujourd'hui repris aux États Unis par de nombreux intellectuels dont Samuel Huntington. Ce dernier dénonce, comme eux, une nouvelle immigration, radicalement différente des précédentes, en provenance cette fois-ci du Mexique, qui menace l'intégrité politique et culturelle de la nation.

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  • HAL Id : halshs-01353894 , version 1

Citer

Philippe Rygiel. L'immigration en Europe et aux Etats-unis. Esther Benbassa. Dictionnaire des racismes, de l'exclusion et des discriminations, Editions Larousse, pp.406-412, 2010, 978-2035837875. ⟨halshs-01353894⟩
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