Les militaires et la vie politique au Sénégal. De l’isolement à l’isoloir
Résumé
Le droit de vote nouvellement octroyé aux militaires sénégalais en 2006 est l’objet de toutes les suspicions et inquiétudes. Cette nouvelle habilitation, concernant les 24479 militaires et paramilitaires que compte le Sénégal n’a cependant pas levé les interdits quant à leur inéligibilité. Elle n’a pas non plus mis fin aux restrictions empêchant leur liberté d’expression et de manifestation publiques. En les incorporant dans de nouvelles habilitations électorales et donc politiques présentées comme une réponse pratique à la consolidation démocratique en gestation, les autorités politiques en exercice ont du coup mis la lumière sur un problème particulier : le rapport problématique du militaire avec la politique en République qui s’est souvent soldé, dans nombre de pays africains, par un militarisme institutionnel. Ce qui a contribué à braquer notre curiosité scientifique sur cette catégorie professionnelle armée de ses censures, barricadée de mutismes, encouragée à garder le silence autant dans l’isolement des casernes que dans le secret de l’isoloir. Au sein de la société civile des voix, réfractaires à cette nouvelle habilitation subite, s’élèvent pour déplorer l’initiative, accentuant ainsi la polémique. Elles redoutent que la politique, dévoreuse de voix, ne vienne torpiller ce dernier rempart de la neutralité, de l’apolitisme et de la loyauté du militaire envers le politique et le civil.
Origine :
Accord explicite pour ce dépôt
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