Je comme un Autre dans des dialogues adulte-enfant - HAL-SHS - Sciences de l'Homme et de la Société Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2014

Je comme un Autre dans des dialogues adulte-enfant

Résumé

Selon Elizabeth Bates, la grammaire des langues naturelles est tellement imprégnée de référence à la personne que leur acquisition requière une conscience de soi. Ceci implique que l’on pourrait utiliser nos observations sur l’acquisition des marques de personne pour comprendre l’émergence de la conscience de soi chez l’enfant (Bates 1990 : 165). Or, nous pouvons constater que les enfants francophones entre un an et demi et trois ans, n’emploient pas uniquement les formes adultes je et moi je en position sujet dans les énoncés utilisés pour référer à eux-mêmes. On trouve également des voyelles préverbales, et des prédications sans sujets explicites, leur prénom, le pronom de deuxième personne, de troisième personne et le pronom objet (moi). Cet usage de formes non standard fait partie d’un cheminement particulier qui permet à l’enfant de s’approprier le système de références personnelles de la langue adulte. L’enfant fait alors preuve de créativité et associe à chaque forme, une fonction particulière en contexte (Budwig 1995 ; Morgenstern 2006). Cependant, même si l’enfant a des capacités d’ordre biologique et cognitif innées, et manifeste toute sa créativité linguistique au quotidien, il doit apprendre les conventions linguistiques à partir du langage des autres. Il les construit en parallèle avec les autres apprentissages d’ordre cognitif et social comme le fait de pouvoir suivre le regard de l’autre, d’attirer son attention, de lire ses intentions, la capacité à faire des analogies, à catégoriser, à symboliser. Au niveau linguistique, selon l’approche cognitive et constructiviste, l’enfant apprend des mots et des constructions isolées (Tomasello 2003), et ce sont ces petits bouts de langage doués de sens en contexte qui petit à petit lui permettent de se construire des grammaires successives transitoires (Cohen 1924). La langue se fabrique entre autres dans le cours des interactions constantes entre l’enfant et ses interlocuteurs adultes. Pour retrouver les traces de ce que les enfants empruntent, ou des éléments à porter au compte de leur créativité propre, il est donc particulièrement intéressant de se pencher sur le rôle du langage adressé et du langage entendu dans l’appropriation des constructions langagières qui permettent à l’enfant de marquer son positionnement co-énonciatif et sa subjectivité. Après avoir fait un état des lieux sur les formes de référence à soi en position sujet dans le langage de l’enfant, nous étudierons les écarts que permettent les substitutions pronominales produites par l’enfant et chercherons à saisir, à partir de quelques extraits, le rôle du langage qui lui est adressé. L’analyse de quelques séquences en contexte mettra en valeur les représentations de soi et du langage que peut construire un enfant dans le temps.

Domaines

Linguistique
Fichier principal
Vignette du fichier
10 Morgenstern_in Depraz.pdf (658.88 Ko) Télécharger le fichier
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)
Loading...

Dates et versions

halshs-01350599 , version 1 (31-07-2016)

Licence

Paternité - Pas d'utilisation commerciale - Pas de modification

Identifiants

  • HAL Id : halshs-01350599 , version 1

Citer

Aliyah Morgenstern. Je comme un Autre dans des dialogues adulte-enfant . Nathalie Depraz. Première, deuxième, troisième personne, Zeta Books, pp.234-251, 2014, 978-606-8266-86-2. ⟨halshs-01350599⟩
58 Consultations
241 Téléchargements

Partager

Gmail Facebook X LinkedIn More