Compte rendu de l'ouvrage de Régine Le Jan. — Famille et pouvoir dans le monde franc (VIIe -Xe s.). Essai d'anthropologie sociale. Paris,Sorbonne, 1995 (Hist. ancienne et médiévale, 33).
Résumé
Au Moyen Âge, la parenté structure la société aristocratique : elle détermine la notion même de noblesse, qualité du sang léguée par un ancêtre mythique; elle garantit aux élites la supériorité de leur pouvoir. Depuis quelques décennies, les historiens, devenus sensibles aux enjeux essentiels que comporte son étude pour la compréhension de la société globale tout entière, lui ont consacré quelques monographies. Dans les années 1970, l'école de Fribourg-en- Brisgau, animée par K. Schmid (t 1994), a notamment encouragé maints médiévistes allemands, comme G. Tellenbach, J. Wollasch, K.F. Werner, O.G. Oexle et M. Heinzelmann, à mener des recherches dans ce domaine. Les études relatives à la famille du début du Moyen Âge étaient, cependant, rares de ce côté-ci du Rhin. Or, l'ouvrage que nous recensons aujourd'hui rompt avec cette tendance fâcheuse. Il pose même un jalon capital dans l'analyse des liens que les aristocrates tissent, avant l'an mil, par le biais de la parenté. Ce livre est, en effet, exemplaire à bien des égards : solidité de la démarche anthropologique ; profondeur de réflexion ; clarté d'exposition ; étendue des références bibliographiques, en particulier de l'historiographie allemande récente; qualité des nombreux tableaux généalogiques, toujours élaborés d'après des sources dûment citées... L'histoire de la Sippe, du cousinage aristocratique du haut Moyen Âge, et des stratégies matrimoniales et patrimoniales qu'elle entraîne, s'écrira désormais autrement.
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