Répertoire et mémoire
Résumé
Dans son retour critique sur les répertoires de l’action collective, Michel Offerlé distingue deux usages du concept forgé par Charles Tilly : un usage « fort », de portée macrosociologique et qui associe transformation de l’activité protestataire et constitution des États nationaux, et un usage « faible » qui appréhende l’ensemble des formes de contestation dont dispose un groupe à un moment donné de son histoire. En dépit d’une appellation quelque peu condescendante, c’est à l’examen de cet usage faible que l’on s’attachera ici, en envisageant les modalités complexes de constitution du répertoire d’un groupe particulier, celui des prostituées. Ce groupe présente un cas des plus intéressants pour une réflexion sur les répertoires de l’action collective car son rapport à la protestation publique est somme toute relativement récent, à savoir vieux d’une quarantaine d’années seulement. Dit autrement, si le groupe social que forment les prostituées dispose aujourd’hui d’une certaine expérience de la mobilisation protestataire et est en mesure d’exprimer publiquement des revendications — bref, dispose d’un répertoire de l’action collective —, cela n’a pas toujours été le cas et le processus par lequel elles ont acquis la maîtrise d’un ensemble de formes d’action est riche en enseignements sociologiques.
Origine :
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