Sur le thème des temporalités. Avant-propos - HAL-SHS - Sciences de l'Homme et de la Société Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Nouvelles perspectives en sciences sociales Année : 2015

Sur le thème des temporalités. Avant-propos

Résumé

Ce numéro thématique est la concrétisation d’un travail entamé il y a deux ans et demi lors d’un séminaire de recherche intitulé « Le temps en pratiques : représenter les dynamiques en SHS ». Une première étape dont il s’est progressivement émancipé pour gagner en qualité tout en affinant son ambition. Un travail dont le point de départ est la conviction en l’impérieuse nécessité pour les chercheurs de bénéficier d’espaces où discuter de notions, théories et concepts qui traversent et dépassent les clivages disciplinaires et thématiques. Alors que la recherche en sciences sociales contemporaine est travaillée par un processus d’hyperspécialisation et d’injonction à l’empirisme, nous souhaitons participer à ouvrir des espaces où théorie et montée en généralité dominent afin que les chercheurs puissent à la fois s’inspirer des réflexions des autres et développer des approches réflexives sur leurs propres travaux. C’est cette idée directrice qui nous a conduits à proposer aux contributeurs de ce premier séminaire puis de ce numéro de Nouvelles perspectives en sciences sociales de réfléchir sur un problème transversal : les représentations des temporalités et des dynamiques, représentations entendues à la fois comme les schémas mentaux que nous nous en faisons et la manière dont nous les communiquons en retour. Notre questionnement de départ est le suivant : comment traitons-nous l’enjeu à la fois omniprésent et demeurant pourtant encore souvent impensé des temporalités et des dynamiques dans nos problématiques, nos conceptualisations, nos études de cas ou nos écrits ? Cette façon d’introduire la problématique pose d’entrée la volonté de l’aborder en multipliant les angles et en mêlant les questionnements, qu’ils soient ceux de l’enjeu des temporalités dans nos sociétés, des difficultés théoriques ou méthodologiques qu’ils posent ou de la manière dont ils informent et questionnent l’activité de recherche. Ce dossier et les contributions qui le composent s’inscrivent alors clairement dans le refus des approches simplificatrices et réductionnistes. C’est pourquoi il trouve logiquement sa place dans une revue défendant la systémique complexe et les études relationnelles. Reconnaître au temps son caractère construit, tout à la fois façonné par le social et qui le façonne en retour, c’est par là même relever le défi de la réalité complexe du temps. C’est, par le jeu subtil du pluriel, rendre aux temporalités leurs multiples dimensions et reconnaître ainsi le caractère non équivoque du temps; y compris du temps présent. C’est s’émanciper d’une vision froide et mécanique, celle d’un temps immanent et objectif. C’est reconnaître qu’il n’est pas un absolu, qu’il n’est pas une réalité en soi, mais bien un concept, une représentation abstraite et générale, et de fait une catégorie particulièrement opérante dans le champ des sciences sociales. En effet, chaque individu jouit d’un temps qui lui est propre, dont il fait l’expérience intime, à commencer par la limitation de son existence biologique et, en même temps, qui s’inscrit dans un ensemble de temporalités sociales, de rythmes officiels qui scandent et organisent sa vie en société. Prendre la mesure de ces différentes institutions, c’est dès lors nous confronter à la question de la multiplicité des temporalités, aux croisements – parfois conflictuels – de ces temps individuels et sociaux. C’est enfin considérer le temps pour ce qu’il est réellement, c’est-à-dire une capacité générale de synthèse à travers une mise en relation d’évènements. S’il semble donc impossible d’exclure la question des temporalités et des dynamiques de l’étude de tout objet de recherche en sciences humaines et sociales, celle-ci est le plus souvent considérée comme allant de soi ou comme un paramètre incontournable mais difficile à analyser. Pourtant, nous ne manquons pas de concepts pour la décrire : échelles, multiplicité des temporalités, rythmes, moments, évènements, discontinuités ou oppositions entre, d’une part, un temps considéré comme une donnée absolue, collective et objective et, d’autre part, des dynamiques vécues, individuelles et subjectives, interrogent à un moment ou un autre de leur travail tous les chercheurs en sciences sociales.
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Dates et versions

halshs-01314482 , version 1 (30-05-2017)

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Citer

Matthieu Adam, Daniel Morleghem, Benoît Feildel. Sur le thème des temporalités. Avant-propos. Nouvelles perspectives en sciences sociales, 2015, 10 (2), p. 13-22. ⟨10.7202/1030262ar⟩. ⟨halshs-01314482⟩
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