Localiser et préserver la mémoire dans le cerveau. Rhétorique et médecine dans la mnémonique médiévale à partir du Tractatus de memoria de Matheolus Perusinus - HAL-SHS - Sciences de l'Homme et de la Société Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2019

Localiser et préserver la mémoire dans le cerveau. Rhétorique et médecine dans la mnémonique médiévale à partir du Tractatus de memoria de Matheolus Perusinus

Résumé

Vers 1474 ou 1475 paraît à Rome, chez Bartholomaeus Guldinbeck, la première version imprimée du Tractatus clarissimi philosophi et medici Matheoli Perusini de memoria. Écrit par Matheolus Perusinus, philosophe et médecin originaire de Pérouse et enseignant à l’université, il constitue un ouvrage de compilation et de références autour de l’art de la mémoire présent dans la rhétorique depuis l'Antiquité ainsi que de préceptes médicaux à l’usage de celui qui veut optimiser voire augmenter les capacités de sa mémoire. Sur le plan générique, l'ouvrage ne se distingue guère de nombreux autres traités, dits artes memorativae, publiés à la même époque, qui se proposent de délivrer divers conseils et indications à l’attention de lecteurs qui sont le plus souvent des étudiants. Il s’agit, pour ces ouvrages, de recenser les principales figures qui jalonnent l’histoire de la mémoire artificielle et d’exposer leurs conceptions de façon à instruire celui qui lit leurs préceptes. Ils constituent de courts traités qui permettent, après une lecture rapide, de réintégrer des consignes déjà apprises - l’art de la mémoire étant au fondement de la pédagogie du Moyen Âge et de la Renaissance - auxquelles les traités adjoignent des règles établies sur le modèle d’un régime de santé. Dans la mesure où Matheolus utilise un « je » d’écriture, il semble fondamental, pour comprendre sa démarche, son écriture comme sa position de médecin savant, de s'interroger sur le statut de l’auteur et sur ses choix méthodologiques qui concernent l’écriture de l’histoire. De quelle façon Matheolus écrit-il l'histoire de la mémoire artificielle ? En quoi cette écriture permet-elle de façonner et de faire fonctionner la mémoire ? De fait, Matheolus incite à réfléchir lui-même, méthodologiquement, sur les outils rhétoriques et leur capacité d’influence, sur l’organisation des lieux de mémoire, sur le rôle des sens dans l’appropriation et la mémorisation d’éléments. Une telle méthode et une telle approche de l’art de la mémoire constituent en eux-mêmes l’écriture d’un art de la mémoire comme art de vie, à construire et à cultiver. Dès lors, sur un plan philologique, mais aussi sur un plan plus éthique et médical, quelle est la portée de l'emploi d'un vocabulaire de l’architecture et de la culture pour évoquer les procédés de mémorisation ? Pourquoi et comment Matheolus propose-t-il de s'approprier l’oubli ? Par l’établissement d’un régime de santé comme délimitation d’un milieu de vie propre à optimiser voire augmenter les capacités de la mémoire, Matheolus confie une dimension éthique à son ouvrage, envisageant par là l’art de la mémoire non seulement comme une technè ou une epistemè, mais également comme la position d’un ethos.
Fichier non déposé

Dates et versions

halshs-01277508 , version 1 (22-02-2016)

Identifiants

  • HAL Id : halshs-01277508 , version 1

Citer

Naïs Virenque. Localiser et préserver la mémoire dans le cerveau. Rhétorique et médecine dans la mnémonique médiévale à partir du Tractatus de memoria de Matheolus Perusinus. Fabienne Boissiéras; Régine Jomand-Baudry. L'énigme de la mémoire. Études pluridisciplinaires, Éditions du CNRS, pp.91-106, 2019. ⟨halshs-01277508⟩
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