La métaphore végétale comme édifice de mémoire : de la circulation d'un art à un art de la circulation
Résumé
Dans la culture médiévale, l'art de la mémoire désigne à la fois une opération qui résulte de l’une des facultés de l’âme, l’élaboration mentale d’un édifice dont il faut parcourir les couloirs et les salles pour y récolter les images qui y ont été logées et une capacité localisée dans le ventricule postérieur du cerveau pouvant être stimulée par des exercices et optimisée par le suivi de régimes de santé. Dans un tel contexte, le végétal, et plus particulièrement l’arbre, est compris comme un édifice de mémoire : son tronc et ses branches équivalent aux couloirs, ses fruits aux lieux, le contenu imagé ou textuel de ses fruits aux images frappantes. En quoi consiste la circulation du motif iconographique de l’arbre de mémoire, aussi bien dans le temps que dans l’espace ? Comment, depuis les différentes pratiques de la mnémotechnique et les traités de méditation, le motif se retrouve-t-il sur des supports mobiles (manuscrits et/ou panneaux de bois, gravures ...) et immobiles (peintures murales, mosaïques, sculptures monumentales...) ? Quelle est la circulation des textes de mnémotechnique depuis les bibliothèques jusqu’aux artistes ? Une telle circulation est-elle importante ? Dans quelle mesure les artistes sont-ils familiers des principes de l’art de la mémoire ? L’inscription de l’image sur son support témoigne-t-elle des réseaux et des échanges entre textes et artistes qui ont contribué à sa réalisation ? Enfin, en quoi l’arbre de mémoire permet-il lui-même la mise en place d’un réseau d’images et de sens qui se retrouve dans toute l’Europe et qui permet un dialogue entre savants et communautés ? En quoi l’arbre peut-il être un instrument panoptique et synoptique d’écriture de l’histoire ?
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