Le sablier de la mémoire. Science, savoir et sagesse dans la mnémonique médiévale - HAL Accéder directement au contenu
Communication dans un congrès Année : 2014

Le sablier de la mémoire. Science, savoir et sagesse dans la mnémonique médiévale

Résumé

Que la mémoire soit comprise à travers son sens philosophique (l’une des facultés de l’âme), rhétorique (un édifice dans lequel on loge des images propres à stimuler le souvenir) ou médical (un réceptacle des sens localisable dans le cerveau), elle peut être apparentée à un sablier. En effet, mémoriser signifie d’abord abréger puis amplifier : il s’agit de réduire les « res » à leur plus frappante expression, afin de les retrouver rapidement dans la mémoire et de pouvoir ensuite les reconstituer au besoin. Au Moyen Âge, la mémoire, codifiée à travers des traités de mnémotechnique, est assimilée à un processus d’édification de la connaissance. Elle repose sur une méthode spécifique qui fusionne, dans son actualisation, la disposition psychique du sujet connaissant à l’architecture du savoir qu’il établit. Elle est à la fois une science et ce qui fait science et aboutit, dans son accomplissement, à une approche du savoir sage et raisonnée, qui permet de circonscrire l’essence des choses par la synthèse de tous les savoirs particuliers et la recherche d’une généricité universelle. Dans un tel contexte, en quoi la mémoire cristallise-t-elle les enjeux liés à la définition d’une science au Moyen Âge ? En quoi elle peut être à la fois une technè et une epistemè, en quoi constitue-t-elle une sapience méthodique et méthodologique de la connaissance, du savoir et de l’agir ? Dans la pédagogie du Moyen Âge et de la Renaissance, l'art de la mémoire a une fonction propédeutique et donne lieu à l’établissement d’une méthode pour apprendre. Dès le IXe siècle, mais surtout à partir du XIIe siècle, la démarche de codification en traités de l'art de la mémoire fait de l’historiographie de l'art de la mémoire lui-même une actualisation exemplaire des procédés de mémorisation. En outre, parce qu'il repose sur l’élaboration mentale d’un édifice de la connaissance compris comme une méthode universelle d'acquisition et de conservation du savoir, l'art de la mémoire devient le garant d'un édifice des sciences propre à classifier le savoir et la connaissance. Dès lors, l'art de la mémoire apparaît comme un dispositif mental qui permet de passer du savoir à la science. Ce faisant, et parce qu'il est associé à la vertu de prudence et par là élevé au rang de science de l’être et de l’agir, l'art de la mémoire est le garant éthique d’une « bonne connaissance ». De fait, la mémoire affectée et infectée par la muabilité et la sensibilité d’un corps vivant peut entraver l’accès à la connaissance en soi. Par conséquent, la recherche d'un esprit sain dans un corps sain, qui nécessite la délimitation d’un milieu de vie pour préserver et éventuellement optimiser les capacités mnésiques, devient une éthique de la mémoire par excellence.
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Dates et versions

halshs-01277484, version 1 (22-02-2016)

Identifiants

  • HAL Id : halshs-01277484 , version 1

Citer

Naïs Virenque. Le sablier de la mémoire. Science, savoir et sagesse dans la mnémonique médiévale. Science, savoirs et sagesses au Moyen Âge, May 2014, Paris, France. ⟨halshs-01277484⟩
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Dernière date de mise à jour le 07/04/2024
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