Le voucher : instrument de la libéralisation de l’aide sociale en France ?
Résumé
On assiste en France depuis une vingtaine d'année à une multiplication des politiques publiques locales utilisant le chèque ou « voucher ». Ces outils, inventés par Milton Friedman ont été très étudiés outre-Atlantique et font l'objet de recherches et de nombreuses publications permettant de les définir et d'assigner des objectifs à une politique utilisant le chèque. L'étude qualitative auprès de 45 acteurs locaux de collectivités ayant adopté ce mode de versement des aides individuelles a permis de repérer que les arguments utilisés sont les mêmes que ceux des politistes américains. Les chèques utilisés dans les collectivités françaises ont donc un lien avec leurs cousins américains et sont porteurs d'une même tendance néolibérale. La différence essentielle est qu'en France la diffusion du voucher par les collectivités locales a permis de ne pas les identifier immédiatement comme tels et d'en camoufler le sens. Mots clés : Libéralisme, chèque, voucher, politique sociale, politique culturelle, ciblage des aides, collectivités locales En matière d'aide sociale, selon la classification établie par GostaEsping-Andersen (Esping Andersen, 1990, 2008) et redécouverte plus récemment par Manow et Van Kersberger (Van Kersberger, Manow, 2008), le modèle social français est considéré comme universaliste. Ainsi, le mécanisme assurantiel de sécurité sociale, dont les fondements en France remontent à l'ordonnance de 1945, est typiquement perçu comme un outil universaliste couvrant les risques de l'ensemble des cotisants. Pourtant, depuis une trentaine d'année, des dispositifs d'individualisation et de libéralisation de l'aide sociale se multiplient, signe parmi d'autres de l'émergence de mécanismes néolibéraux dans les politiques publiques et de l'arrivée du New Public Management dans les politiques publiques françaises.
Origine :
Fichiers produits par l'(les) auteur(s)
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