Une esthétique des foules à l'âge de la machine. Les "effets suggestifs" selon Gustave Umbdenstock
Résumé
A partir de la lecture proposée notamment par Sigfried Giedion dans Bauen in Frankreich, les relations entre nouvelles techniques de construction et décor dans l’architecture de la fin du 19e siècle ont souvent été considérées sous le mode de l’opposition. D’un côté, des constructions d’ingénieur « pionnières » dans l’élaboration d’une architecture nouvelle, progressivement épurée de sa gangue stylistique ; de l’autre, une architecture « artistique » où l’ornementation fonctionne comme un masque préservant une intériorité tournée de manière nostalgique vers le passé.
Le foisonnement décoratif de l’éclectisme stylistique et le recours aux nouvelles techniques de construction ont pu effectivement constituer deux facettes d’un même projet : celui de la redéfinition d’une esthétique architecturale adaptée aux nouvelles conditions d’expérience de la foule. Si une telle conception prend source au 19e siècle, C’est cependant au début du 20e que cette tentative trouve l’une de ses formulations théoriques les plus complètes, chez l’architecte Gustave Umbdenstock. Mon intervention s’attacherait à montrer comment ce dernier conçoit l’alliance de la technique et de l’ornementation, au service d’une architecture conçue comme instrument d’influence. Une telle vision s’illustre dans certaines planches de son Recueil de compositions architecturales de 1922, par la juxtaposition d’une profusion ornementale et d’un élan technologique. Qu’il s’agisse d’intérieurs au sens propre ou d’espaces intériorisés à l’échelle urbaine, les univers imaginés Umbdenstock se prêtent aisément aux analyses suggérées par Benjamin, d’autant plus qu’ils sont sous-tendus par des idéologies puissantes.
Origine :
Fichiers produits par l'(les) auteur(s)
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