L'armorial Wijnbergen est-il un reflet de la communauté du royaume de France ? - HAL-SHS - Sciences de l'Homme et de la Société Accéder directement au contenu
Pré-Publication, Document De Travail Année : 2020

L'armorial Wijnbergen est-il un reflet de la communauté du royaume de France ?

Résumé

L’armorial Wijnbergen peut-il refléter la communauté du royaume de France ? Poser cette question, c’est aussi s’interroger sur la valeur historique de ce type de document. Comment ces recueils d’armoiries , parfois offerts au prince, plus rarement conservés dans les bibliothèques nobles et patriciennes, la plupart du temps manuels pratiques et concrets du héraut d’armes, peuvent-il rendre compte d’une réalité sociale, voire d’une notion politico-juridique et théorique ? Michel Pastoureau a clairement répondu à cette interrogation par l’affirmative et donné les clés méthodologiques de la lecture qui peut être faite d’un armorial du point de vue de l’histoire sociale et politique. En effet, selon lui : « [les armoriaux] sont beaucoup plus que de simples listes ou compilations. Ce sont de véritables ordines, qui nous donnent une image de tel ou tel pan de la société à l’époque où ils ont été mis en forme. Cette image est toujours fortement idéologique et militante. Elle reflète les valeurs, les croyances, les savoirs et les aspirations des auteurs qui ont rassemblés ces armoiries. D’où, une fois encore, l’importance extrême de l’étude des structures internes de tout ensemble d’armoiries, de son organisation en séquence, des rapprochements qui s’y opèrent, des répétitions, des variantes, des interpolations, des sélections, des absences. D’où aussi l’importance de la langue du blason, toujours fortement structurantes, ou du « style » héraldique retenu pour peindre ou modeler des armoiries. L’une et l’autre n’apporte pas seulement des éléments de datation, de localisation ou d’attribution. Ce sont des vecteurs idéologiques qui, par telle ou telle mise en scène des armoiries plutôt que par telle autre, nous disent un certain nombre de choses sur l’état du monde et de la société. La société telle qu’elle est, bien sûr, mais aussi et surtout la société telle qu’elle devrait être. Tout armorial est un programme, une proclamation. » Les travaux précurseurs de Werner Paravicini, ma lecture de l’armorial d’André de Rineck et plus récemment un article de Torsten Hiltmann sur l’apport documentaire des armoriaux dans l’étude du rang et de la hiérarchie princière et nobiliaire ont validé l’affirmation de Michel Pastoureau . Il est donc légitime de s’interroger sur un possible jeu de miroir entre la notion de communitas regni et un document héraldique qui pourrait en être une affirmation. Mais Wijnbergen est-il l’armorial idoine pour tenter cette lecture socio-politique ? Il est bien sûr difficile de l’affirmer car pour le faire, l’idéal aurait été de pouvoir confronter et comparer plusieurs de ces documents. Or contrairement aux royaumes d’Angleterre, dans la seconde moitié du XIIIe siècle et au début du XIVe siècle, le royaume de France a peu produit ce type de documents . Le plus ancien est le rôle d’armes Bigot (1254) mais il concerne la campagne de Charles d’Anjou en Hainaut et ne contient que 302 entrées ; l’armorial Le Breton en comprend quant à lui environ 906 mais seulement 580 d’entre elles sont de la fin du XIIIe siècle (1292-1295). Il est de plus difficile de comprendre l’organisation de cet ensemble « grossièrement classé en grands ensembles territoriaux, ne formant pas véritablement des marches d’armes » ; le désordre du manuscrit n’est pas dû au relieur du XVIIe siècle mais existait dès le XVe siècle comme le montre l’analyse codicologique qui témoigne du changement de statut du document : livre de la pratique au Moyen-Âge et au début du XVIe siècle, l’armorial devient au XVIIe siècle un « objet bibliophilique » . Emmanuel de Boos voit cependant quatre entités (Normandie, Bourgogne, Flandre-Brabant et Poitou-Berry) se dégager d’un ensemble indifférencié mêlant : France, Picardie, Artois, Vermandois, Champagne, Hainaut et Lorraine. L’armorial Wijnbergen, plus ancien, plus complet et plus cohérent, paraît dès lors être le meilleur sujet d’étude.

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Dates et versions

halshs-01264644 , version 1 (29-01-2016)
halshs-01264644 , version 2 (17-02-2020)

Identifiants

  • HAL Id : halshs-01264644 , version 2

Citer

Jean-Christophe Blanchard. L'armorial Wijnbergen est-il un reflet de la communauté du royaume de France ?. 2020. ⟨halshs-01264644v2⟩

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