Abstract : Les incertitudes de différentes natures (technologiques, organisationnelles, liées au contexte) posent souvent
des problèmes importants dans les grands projets technologiques, conduisant à des retards de livraison, des
dépassements de budget et parfois à l’érosion des marges de sécurité dans la conception ou dans la mise en
œuvre. La gestion des aléas, par des pratiques d’anticipation et d’adaptation, constitue une part importante du
travail des chefs de projet.
Ce document propose une synthèse de la littérature académique sur la gestion de l’incertitude dans les grands
projets technologiques. Il examine les limites des analyses de risques préparatoires, la manière dont sont gérées
les alertes et autres signaux indiquant un écart par rapport aux plans, et comment les trajectoires de projet sont
redéfinies pour chercher à remplir les objectifs malgré ces imprévus.
Deux thèmes principaux sont traités :
1. Les auteurs proposent une analyse des changements culturels induits par l’introduction du management par
projet, avec un accroissement important de l’autonomie des acteurs associé à des engagements de résultat.
Cette organisation conduit à des pressions importantes sur les chefs de projet, qui assument personnellement
une part importante des risques liés au déroulement des projets.
2. Une second dimensions d’analyse concerne le concept clés de résilience organisationnelle, la capacité
d’une organisation à se saisir de signes avant-coureurs d’événements qui pourraient mettre en cause sa
survie et à trouver des stratégies d’adaptation qui permettent de limiter les effets des aléas. Il s’agit d’analyser
les capacités de vigilance des acteurs et la manière dont ils interprètent les nouvelles informations au fur et
mesure de leur apparition, les facteurs qui pèsent sur la détection des signaux importants et le traitement
des alertes, l’utilisation d’épreuves techniques pour valider la maîtrise des risques projets, la façon dont des
décisions sont prises en cours de projet. Une analyse des dynamiques organisationnelles et managériales
qui peuvent entraver une prise en compte précoce et satisfaisante des signaux faibles (biais d’engagement,
silence organisationnel, les freins à la dissémination transversale des informations) est proposée.